Depuis 2007, après avoir repris le territoire de feu J’ai Lu Manga, Tonkam donne à tous les «jojoheadz» leur dose de Jojo Dachi. Une psycho came venue du Japon que seuls les vrais peuvent apprécier à sa juste valeur. En cette fin de mois de janvier, l’éditeur décide de faire un cadeau à sa fidèle clientèle : en parallèle à la sortie de la partie 7 «Steel Ball Run», la partie 3 «Stardust Crusaders» est rééditée dans son intégralité. Un mini événement pour les fans puisque depuis l’édition J’ai Lu et son tirage rachitique, il était impossible de lire les trois premières parties de la saga dans de bonnes conditions (La première édition se négociant aux alentours de 10 euros le tome). T’as rien compris ? Voici un peu (beaucoup) de (mauvaise) lecture pour que tu puisses te rendre compte d’à coté de quoi tu es passé pendant tout ce temps.
Jojo’s Bizarre Adventure (Jojo no Kimyô na Bôken en VO) est un manga culte (et fleuve) dessiné par Hirohiko Araki ,débuté en 1987 (dans le fameux Shônen Jump), toujours en cours de prépublication (dans Ultra Jump) et qui compte à ce jour la bagatelle de 107 tomes*. Au début des années 2000, l’éditeur «J’ai Lu Manga» (qui n’existe plus) détrousse le catalogue de la Shueisha en s’accaparant, à prix d’or, des licences phares de la firme telles que Captain Tsubasa, City Hunter, Hokuto no Ken ou encore Kimagure Orange Road. Un maxi best of mercredi matin au Club Dorothée, en somme. Dans le reste du lot, d’autres séries clairement pas connues chez nous mais pourtant cultissime là bas : Crayon Shinchan, Racaille Blues et Jojo’s Bizarre Adventure. Je vais la faire courte, d’autres personnes en parleront bien mieux, mais les mecs se voyaient déjà braquer les crasseux (ouais, moi je dis crasseux) façon bandit mexicain, des dollars plein les yeux et des sacs marrons bien plein dans les mains. Ils ont malheureusement omis le fait que, lorsque l’on ne fonctionne pas sur la nostalgie, il valait mieux savoir vendre son manga et correctement s’adresser aux potentiels lecteurs. Le metaverse de la série est dense, le visuel assez crypto gay : les poses (dachi) un peu ambiguës prises par les héros pendant les moments clés peuvent surprendre le lecteur non initiés. Jojo’s Bizarre Adventure est une brebis galeuse, la série est un flop commercial monumental et seule une poignée d’élus (d’illuminés !) l’apprécient à sa juste valeur.
2013 a été choisi par les astres pour que la secte s’agrandisse. Par ces mots m’est confié la lourde tâche de convaincre.
Faire un synopsis de Jojo’s Bizarre Adventure est assez compliqué. Déjà parce que la série est assez longue et aussi parce qu’elle a la particularité d’être divisée en plusieurs parties, au scénario différent, qui ont malgré tout toutes un lien, mais peuvent se lire distinctement. Pour résumer grossièrement, disons que l’histoire suit les péripéties de la famille Joestar, sur plusieurs génération.
Dans la première partie (Phantom Blood, tomes 1 à 5) on suit les aventures de Jonathan Joestar dans l’Angleterre du XIXeme siècle. Jojo y affronte Dio Brando. Combat entre hommes virils et aventures mystiques sont au rendez vous. Le tracé rappelle fortement Hokuto no Ken (au point de parfois confondre le travail d’Araki et de Tetsuo Hara) et même si le scénario ne retourne pas les cerveaux, son coté pulp, l’ambiance victorienne et les bonnes idées se ramassent à la pelle.
La mayonnaise prend. Assez pour que la deuxième partie (Battle Tendency, tomes 5 à 12) n’enfonce le clou plus profondément. Cette fois ci, c’est dans les années 30 et sur le continent américain (beaucoup aussi en Italie) que l’on suit les aventures de Joseph Joestar, petit fils de Jonathan, qui a mystérieusement hérité des pouvoirs de son grand père (alors que son père, mort à la guerre n’as pas eu cette chance). Il devra faire face à des demi dieux aztèques réveillés par des nazis assoiffés de pouvoir et bien décidés à diriger le monde. Battle Tendency est une ôde à la pop culture des années 80 et aux nanars qui ont défini cette décennie de tous les possibles. Kung Fu secret millénaire, Nazis gammés et mystiques, héros cabotin et une injection de pur Nekketsu directement dans l’orbite avec des bastons d’anthologie.
La troisième partie (Stardust Crusaders, tomes 13 à 28) est la partie avec laquelle la série prend son envol niveau popularité. On suit Jotaro Kujo, lycéen un peu voyou, assez caractériel et petit fils de Joseph Joestar. C’est dans cette partie que sont introduits les stands, un alter ego psychique qui confère des pouvoirs surnaturels aux personnages. Ces stands seront LA marque de fabrique de la série et le concept sera sublimé, partie après partie, tel le cosmos d’un Seiya prêt à tout pour sa Saori. Les situations sont ubuesques, bizarre mais se délient toujours avec une intelligence assez déconcertante. Mini spoil. Les mecs voyage à travers le moyen orient, le méchant (Dio marque son retour) s’est caché au Caire. Je te le donne en mille, des ▲ de pyramides partout. PARTOUT. Même avec les mains. Argument imparable, ouvres ton portefeuille. Achète ton ostie et communie, c’est l’eurcharistie. En plus, Jojo chez les arabes avec un pur passage chiche-kebab. Instant buy.
Diamond is Unbreakable (tome 29 à 46) est le quatrième acte de la série. Considéré comme la meilleure partie par la plupart des fans de la série, c’est aussi la dernière partie a avoir été édité en France par J’ai Lu Manga. Cette fois ci c’est sur Josuke Higashikata que l’on s’attarde, dans la petite ville japonaise de Moriô. On y apprend plus sur l’origine de l’apparition des stands, avec la flèche et l’arc (dont on a entendu parlé dans la partie précédente). Plus orienté vers le suspens et l’énigmatique, c’est un véritable polar que l’on suit comme un junky en réclamant son fix le plus rapidement possible. Pèle mêle on trouve un remake de Speed, de Misery, un jour sans fin ou encore une partie de chifoumi aux enjeux terribles et à la tension presque palpable. Hirohiko Araki franchi un cap majeur dans son oeuvre avec cette quatrième partie et prouve que c’est lui le papa.
Golden Wind, Vente Oreo, cinquième partie (tome 47 à 63) nous propose de découvrir Giorno Giovana, un jeune italien (fils caché de Dio Brando) qui a pour objectif de devenir le chef de la mafia afin de l’anéantir. Particulièrement appréciée de la gente féminine, cette partie propose un casting de bellâtres ultra stylisés et de stands aux pouvoirs encore plus fous que les autres. Le coup de crayon du mangaka prend ici aussi une nouvelle dimension en s’inspirant de l’art italien, du contrapposto, ca pue le Gucci et le Versace à toutes les pages, Araki prouve qu’il est dingue de mode et dessinant des Jojo dachi complètement folles transformant ses personnages en véritables modèles prenant la pose sur leur podium. Cette partie est disponible dans son intégralité aux éditions Tonkam.
Stone Ocean, la sixième partie de la série (tome 64 à 80) marque une scission chez l’auteur comme chez les fans. Très controversée, elle raconte comment Jolyne Kujo, la fille de Jotaro va essayé de s’échapper d’un des prison pour femmes les mieux gardées de Floride. Prison Break avec des pouvoirs psychiques, la grande évasion sans Steve McQueen mais avec une paire de bollocks malgré des personnages majoritairement féminin. Une des parties les plus psychédéliques avec des personnages encore plus atypiques, du WTF par dizaine de pages, un boss final complètement dingue et une fin qui achèvera la timeline créee par l’auteur jusqu’ici.
Steel Ball Run, septième partie (tome 81 à 105) est la pierre angulaire du nouveau tournant de la série. Cette fraction de l’histoire se déroule à la fin du XIX éme siècle, en Amérique et prend place pendant le Steel Ball Run, une course hippique ou les coureurs devront rejoindre New York en partant de San Diego. Cet arc scénaristique se déroule à peu près à la même période que Phantom Blood mais dans une réalité modifiée par les événements de Stone Ocean. C’est Jojo au Far West, un pur western spaghetti qui s’étale sur 24 tomes avec des putains de secrets de franc-maçonerie X Illuminati mêlant le président des Etats-Unis, Jesus Christ et tout un tas d’autres inconnus qui résolvent une équation façon MINDBLOW. Un putain de chef d’oeuvre dont les amateurs de mangas doivent se goinfrer. S’il fallait ne choisir qu’une partie, ce serait celle ci. Pour son exécution chirurgicale, sa trame complètement ABUSEE, son esthétique millimétrée et ses situations de oufs. Un truc qu’on lit vraiment qu’une fois dans sa vie.
Jojolion est la huitième et dernière partie en cours de publication au Japon. Pour le moment, seuls 4 tomes (officiellement 3) sont sortis, mais les gros junky peuvent retrouver leur 30 pages mensuelles dans Ultra Jump. Elle suit la timeline de la partie 7, Steel Ball Run, dans ce monde parallèle à celui des partie 1 à 6. On suit les aventures de Jôsuke Higashikata retrouvé par une fille enfoncé dans le sol après le seisme de 2011 de la cote pacifique du Tohoku. Et si jusqu’à présent la trame se construit petit à petit, cette partie a déjà révélé des moments épiques.
Jojo’s Bizarre Adventure est un manga hors norme, une oeuvre culte qui a influencé un nombre incommensurable d’oeuvres de la pop culture asiatique et occidentale. Il y a des preuves par paquet. On se souvient par exemple tous de la série Heroes, avec le japonais Nakamura Hiro capable de voyagé dans le temps. A des fins marketing, les scénaristes lui avaient développé un faux blog, consultable sur Internet. On y trouvait des renseignements personnels à son sujet, comme par exemple, son manga préféré. Bingo. Jojo’s Bizarre Adventure.
Dans la série des jeux King of Fighters. L’un des personnages du jeu, Benimaru Nikaido est un hommage à Jean Paul Polnareff (lui même hommage à notre Polnareff à nous). Un hommage si bien ancré que pendant les phases de production, les développeurs appellent le personnage Polnareff et non Benimaru. Dans King of Fighters XI, son taunt est une référence supplémentaire au personnage du manga. Paul de Tekken lui emprunte cette chevelure qui défie les lois de la gravité.
Rose, Vega et Guile de l’univers de Street Fighter ressemblent étrangement à Lisa Lisa et Rudolf von Stroheim. Dans la série World Heroes les finaux sont Dio et Neo Dio, personnages qui reprennent les visuels de Dio Brando et Baoh un autre manga d’Araki. Plus dicret dans la série Guilty Gear, Robo-Ky et Justice scandent WRYYYYY pendant certaines attaques (c’est le cri de Dio).
De nombreux mangakas prouvent leur amour pour Jojo à travers leurs mangas. Kishimoto, celui qui dessine les aventures du ninja orange, introduit Tsudane qui n’est autre qu’une référence à Lisa Lisa. Dans Hunter x Hunter Zeno Zoldyck et Hisoka ressemblent fortement à Wang Chan et Dio Brando. Le concept du Nen, du Chakra et du Haki sont calqués sur celui de l’onde (dans le sens premier, avec leurs limites et leur utilisation).
Les poses jojo (Jojo Dachi) sont tellement populaire et ancrée dans la pop culture japonaise qu’il existe une vraie fausse école de cette discipline. Des artistes de la musiques, de la télé crient haut et fort qu’ils sont fans hardcore de la série. Shokotan, idoles pour otakus n’hésite pas à faire des Jojo Dachi pour les photographes. Yuka Kashino du groupe Perfume en met dans les chorégraphies de son groupe.
A défaut d’être connu ici bas, l’auteur, considéré depuis bien longtemps comme un «artiste», est venu en 2003 faire une exposition de ses oeuvres à Paris (galerie Odermatt-Vedovi). Il a aussi participé au projet de bande dessinée du musée du Louvres tout récemment (Rohan Kishibe au Louvre aux éditions Futuropolis) et a dernièrement conçu la campagne publicitaire de Gucci !
Bien évidemment, des jeux vidéo basés sur la licence sont sortis. Sur Super Famicom, c’est un RPG basé sur la partie Stardust Crusaders, ultra populaire à cette période. En Arcade, les fans de jeux de bagarre ne sont pas en reste puisque Capcom acquiert les droits pour créer Jojo’s Bizarre Adventure, un jeu de baston toujours basé Stardust Crusaders, qui sortira par la suite sur Dreamcast et Playstation (et plus récemment sur les plateformes de téléchargement XBLA et PSN). La Playstation 2 aura droit à deux titres vraiment très cool : Le Bizzarre Avventure di GioGio: Vento Aureo, un jeu d’action en 3D cel shadding qui rend hommage au dessin d’Araki et Jojo no Kimyou na Bouken: Phantom Blood, un autres beat em up de Bandai. Dans le courant de l’année, le studio japonais Cyberconnect, bien connu chez les fans du ninja orange, prévoient de sortir un nouveau jeu de bagarre, Jojo’s Bizarre Adventure All Star Battle qui regroupe une vingtaine de personnages du manga pour des affrontements bien nerveux.
En un mot comme en cent, Jojo’s Bizarre Adventure est une série culte, trop longtemps sous estimées par les « amateurs » de mangas français qui ne lui auront jamais donné sa chance. Un vrai truc de niche au premier abord qui se révèle être un des meilleurs mangas de tous les temps. Et je pèse mes mots.
BONUS STAGE :
Une vidéo qui compile des membres de la secte performant l’attaque suprème de Dio Brando THE WORLD ! WRYYYYY !
Des fans en transe performant des ORA ORA et des MUDA MUDA MUDA !
*Si 107 tomes donne le vertige, on est loin des 183 volumes de Kochikame commencé en 1976 ou des 167 de Golgo13.
5 commentaires
Mouais. J’ai les tomes 1 à 35 chez j’ai lu, donc il faut croire que pas tous les « otakus » français sont passés à côté.
Perso, en dépit de son influence, je n’aime pas trop.
Bonjour pistolero, tu dis avoir les 35 tomes de la série, mais que tu ne les aimes pas trop. Donc peut être serais-tu suscebtible de les vendre?
Si oui, contacte moi à cette adresse : zugo32@gmail.com
Des infos concernant une éventuelle réédition des deux premières parties Phantom Blood et Battle Tendencies ?
Je suppose qu’elles sortiront étant donné que Tonkam à les droits à présent ?
Pas d’info, pour l’instant…
Tout dépend du succés des éditions en cours mais vu les ventes pas terribles du manga, j’en doute.
Je parierai plus sur Jojolion ensuite.
Mais bon ce qui est cool, c’est qu’il y aura eu au moins quasi toute l’édition jap traduite en français.
Merci !
Ah il se vend mal ? C’est pas une bonne nouvelle ça. Espérons qu’on est droit à la partie Diamond Is Unbreakable quand même… J’ai juste le début chez J’ai lu…