- Auteur : MAYUZUKI Jun
- Genre: Romance
- Editeur : Kana
Synopsis : Akira Tachibana, 18 ans, est en classe de première au lycée. Après les cours, elle travaille dans un restaurant familial géré par Masami Kondô, 45 ans. La jeune fille, plutôt introvertie, est secrètement très attirée par son patron. Alors qu’Akira s’apprête à peine à sortir de l’adolescence, Kondô, lui, est déjà à la moitié de sa vie. Une histoire d’amour à suivre de près…
Ces derniers temps, niveau shojo, on ne peut pas dire qu’on a été beaucoup gâté. Souvent très clichés et trop prévisibles, on pourrait se demander si l’ère de la romance pour jeunes filles ne toucherait pas à sa fin. Evidemment, le marché du genre fonctionne toujours aussi bien, les anciennes lectrices, qui ont bien grandi, ont été remplacé par une nouvelle vague de filles qui se nourrissent des nouveautés chaque année mais force est de constater que le genre s’essouffle pas mal. Parmi quelques titres qui ont relancé le genre, on peut citer Orange de par sa narration très intéressante ou encore Telle que tu es ! et Ugly Princess qui, grâce à leur héroïne complètement différente de la norme, ont su se démarquer. Cependant, il existe encore des mangas de romance qui parviennent à séduire avec une histoire toute simplette et c’est le cas d’Après la Pluie.
Pour changer, il est question dans cette œuvre de la différence d’âge entre deux individus en la personne d’Akira Tachibana, jeunne lycéenne et de Masami Kondo, gérant d’un restaurant, divorcé et papa. Avec une finesse déconcertante, Mayuzuki Jun tisse une histoire entre ces deux-là. Seulement une histoire, pas une histoire d’amour non, mais une histoire humaine qui aboutira à la découverte de l’autre de manière plutôt maladroite. Akira est une fille très taciturne et qui n’est pas une lycéenne comme on pourrait le penser. Elle se fiche complètement de tout ce qui pourrait intéresser les jeunes de son âge comme les réseaux sociaux, les sorties entre amis ou encore les garçons populaires. Etant elle-même une fille mignonne et jolie, elle attire pas mal le regard et ses capacités sportives qui lui ont permis de figurer parmi les meilleures du club d’athlétisme mais rejette cette popularité qui lui rappelle beaucoup trop l’époque d’avant sa blessure qui a dû lui faire arrêter toute activité sportive. C’est cet évènement qui la rendra finalement plus en dur avec sa propre personne et avec les autres alors qu’elle n’est pas du tout comme ça. C’est une jeune adulte en conflit avec elle-même que l’auteur nous présente en opposition avec Kondo, l’homme qui fait battre son cœur.
C’est cette opposition entre eux qui fait l’essence même de l’intrigue. Face à une Akira qui a beaucoup de difficulté avec les relations sociales, on retrouve un gérant d’une quarantaine d’années qui arrive aisément à parler avec autrui. L’admiration qu’a Akira pour son patron se transforme petit à petit en un amour véritable et voilà comment on pourrait traduire cette œuvre, elle est vraie. Ne reposant pas sur des thématiques lisses, Mayuzuki se penche sur des individus qui au-delà de leur première apparence, sont tout autre au fond.
Il n’y a pas que la finesse du récit qui est à saluer mais également celle du dessin. Scénariste dans l’âme, l’auteur est tout aussi douée avec un crayon. Alliant traits fins pour Akira qui parait pourtant dur et traits plus rugueux pour Kondo qui est un homme doux, le contraste entre les deux est d’autant plus souligné grâce aux dessins. Akira est une jeune fille jolie, ses longs cheveux noirs et son visage fin, ses mains typiquement féminin rappelle la douceur d’une lycéenne alors que Kondo est représenté de façon plus grotesque avec un gros nez, un sourire béat et des cheveux négligés. Parfois, le style rappelle celui d’Akimoto Osamu, l’auteur de Kochikame.
Il s’agit donc d’un premier volume qui annonce une série (de sept tomes au Japon et toujours en cours) plus qu’intéressante. Avec un vent frais agréable qui change les habitudes des lecteurs assidus de manga traitant de romances lycéennes, on prend de nouveau goût aux shojo.