Véritable phénomène depuis sa publication au Japon, le manga A Silent Voice a su conquérir le coeur des lecteurs avec une histoire touchante et des personnages attachants. Il est ensuite parvenu chez nous en 2015, au sein des rangs de Ki-oon et a également su toucher le public français. C’est en 2016 que sort le film d’animation, reprenant la totalité de l’oeuvre pour notre plus grand plaisir.
A Silent Voice suit donc l’histoire de Shôya Ishida, un jeune garçon d’école primaire qui voit sa vie bouleverser quand arrive une nouvelle élève, Shôko Nishiyama. Cette dernière a un handicap, elle est sourde muette, ce qui rend les relations avec les autres de sa classe plus compliqué mais cela deviendra pire par la suite quand Shôya décidera de s’en prendre à elle pour faire rire ses camarades. Mis à bout, la mère de la jeune fille décidera de la faire changer d’école après plusieurs mois, ce qui causera de gros problèmes à Shôya, aussi bien au niveau de l’école que de ses camarades qui lui tourneront le dos. Ce n’est que quelques années plus tard qu’il retrouve Shôko et décide de se faire pardonner en essayant de faire ce qu’il n’avait pas pris la peine de faire à l’époque : lui tendre la main et la connaître.
Vous l’aurez compris, les thèmes du film portent principalement sur les handicaps, le harcèlement ainsi que l’acceptation de soi. Le manga avait déjà fait forte impression grâce à cela et le film bénéficie du même traitement. Beaucoup d’oeuvres traitent de cette problématique mais ce qui fait sortir A Silent Voice du lot, c’est indéniablement la qualité du récit d’Oima Yoshitoki. En effet, qu’il s’agisse de ses personnages ou de l’histoire, elle parvient à nous tenir en haleine. En plus de cela, le fait d’accentuer son histoire autour d’un handicap physique comme la surdité reste quelque chose d’assez rare pour le souligner. Le récit se présente donc sous forme de faux slice-of-life, s’opposant aux animes classiques du genre en n’allant pas dans le fantaisiste. La plupart du temps, les oeuvres traitant des problématiques du harcèlement ont tendance à en faire trop, dénaturalisant le propos. Or ici, on nous propose une histoire touchante et qui fait dans la simplicité, même si certains moments sont alarmants, prévenant ainsi les spectateurs.
Un autre point fort du film et sans doute le plus important, ses personnages. A Silent Voice nous présente une palette de différentes personnalités, toutes aussi intéressantes les unes que les autres. Ils se complètent tous et font progresser l’histoire. On n’a pas le classique « méchant qui embête le gentil » de ce genre d’oeuvre. Bien sûr, on présente certains personnages comment étant des bourreaux pour d’autres mais avec une certaine subtilité. Le principe même de suivre la vie d’un ancien de ses « harceleurs » est quasi inédit. Plutôt que de suivre le point-de-vue classique de Nishimiya, on se concentre plutôt sur celui de Shoyo qui est finalement bien plus intéressant. De nos jours, on peut assez bien imaginer comment peut se sentir une personne victime d’harcèlement, notamment grâce aux témoignages, même si tant qu’une personne n’en est pas victime, elle ne peut pas comprendre à 100%. Cependant, on saisit bien moi l’état d’esprit de quelqu’un qui regrette ses erreurs passés et qui a détruit une partie de la vie d’une autre. A Silent Voice souhaite donc, dans son récit, de mettre en lumière ces personnes, qu’on pointe du doigt mais qui veulent être pardonnés et se racheter.
L’animation, quant à elle, est d’une qualité indéniable. Produit par Kyoto Animation, connu pour des animes comme Free!, Hyouka ou encore K-ON!, la renommée du studio n’est plus à prouver. Les couleurs sont chaleureuses, mettant en avant les personnages ainsi que l’atmosphère agréable qui entre en contraste avec la thématique principale. Les décors sont magnifiques et la musique, notamment au piano, prend parfaitement place au sein des scènes. Les lumières sont bien utilisées, notamment dans la scène du festival.
A Silent Voice est donc un film d’animation à voir. Il est important, pas seulement en tant qu’oeuvre mais également en tant que message. Il n’est pas commun qu’un film d’animation japonais sorte dans autant de salles en France, mis à part les Ghibli et les grosses licences. La version française met même en avant la youtubeuse MelanieDeaf, une jeune femme sourde qui prête sa voix à Nishimiya, afin de respecter le plus possible le personnage ainsi que les personnes atteintes de cet handicap. Une démarche qu’on ne peut qu’applaudir.