Cinéma : Captain America – Civil War

Le temps où Marvel était en crise est désormais révolu. En 1996, la firme a fait faillite et après de nombreuses péripéties dont le rachat par Toy Biz en 1998, la boîte a finalement retrouvé une seconde jeunesse. Désormais à la tête du cinéma mettant en avant les super-héros, Marvel sort son treizième film, qui est le premier de la troisième phase, Captain America : Civil War. No spoil !

Synopsis : Steve Rogers est désormais à la tête des Avengers, dont la mission est de protéger l’humanité. A la suite d’une de leurs interventions qui a causé d’importants dégâts collatéraux, le gouvernement décide de mettre en place un organisme de commandement et de supervision. Cette nouvelle donne provoque une scission au sein de l’équipe : Steve Rogers reste attaché à sa liberté de s’engager sans ingérence gouvernementale, tandis que d’autres se rangent derrière Tony Stark, qui contre toute attente, décide de se soumettre au gouvernement…

Amateurs de comics, si vous vous attendiez à une adaptation fidèle de l’œuvre de Mark Millar, attendez-vous à quelque chose de différent car Marvel nous propose ici une histoire originale. Là où  l’intrigue tourne autour de la loi du recensement des super-héros, les réalisateurs, Anthony et Joe Russo ont préféré orienter l’histoire sur un traité et surtout sur les conséquences du retour de Bucky. Ce choix est particulièrement maladroit car la loi présente dans les comics Civil War donne une atmosphère plus pesante puisqu’elle consiste à dévoiler les identités des super-héros. Or, dans le film, cet aspect capital est omis en étant remplacé par un accord entre les Nations-Unis et les Avengers et qui passe au second plan, qui plus est.

Qui dit histoire originale, dit nouveaux éléments ajoutés à l’intrigue et lorsque l’on part dans une autre direction, il faut savoir tenir le cap. Cependant, Civil War regorge de fragments dont on aurait pu se passer et donne plus l’impression de vouloir rallonger le film qu’autre chose. Une grosse partie de ce dernier nous montre Zemo, l’antagoniste principal, qui au passage a complètement perdu de son charisme, qui part sur les traces des autres Winter Soldiers. Malgré une quête intéressante, les évènements vont prendre une autre tournure, laissant un goût amer lorsque l’on regarde la scène finale. Entre autres, une amourette complètement dénuée d’intérêt prend place entre la nièce de l’agent Carter et Steve Rogers mais qui ne passionne pas et n’a aucun but dans la continuité du film.

Du côté des personnages, on retrouve l’équipe, reconstituée, des Avengers que l’on voit dans Age of Ultron mais on notera surtout les grandes absences de Hulk et Thor dont ce dernier a un rôle très important dans les comics originaux. Avec ces deux personnages emblématiques des Avengers en moins, le côté bourrin et force brute qui a tant séduit les fans, manquent cruellement aux deux équipes. Parmi les personnages attendus au casting, Dardevil était dans le top trois. A la place, les frères Russo ont choisi le personnage de Bucky, qui n’était pas présent dans les comics, en tant qu’allié principal de Captain America, choix qui fait sens et ne dérange pas pour autant, étant donné que la relation entre les deux est connue du grand public.

En dépit de super-héros manquant à l’appel, Marvel nous dévoile de nouveaux visages, qui jusqu’à présent n’avaient jamais endossé le rôle de ces deux personnages au cinéma. Le premier est complètement inconnu des néophytes en terme de comics mais très apprécié par les lecteurs : Black Panther. En tant qu’héritier du royaume de Wakanda, T’Challa est bien introduit dans le film et l’acteur, Chadwick Boseman, endosse bien le rôle de l’africain. En revanche, son background n’est pas vraiment respecté, notamment sur le personnage de son père, qui se retrouve être un simple homme politique tandis qu’il est l’ancien Black Panther dans l’œuvre originale. Malgré un fort potentiel, le long-métrage lui fait perdre de sa prestance avec la scène finale où son rôle dans l’histoire connait une fin plutôt décevante et qui est mal amenée.

Le dernier mais non le moindre, l’un des premiers super-héros de Marvel à avoir eu une adaptation cinématographique, le plus populaire de la maison d’édition américaine, Spider-Man. C’est donc un nouvel acteur, Tom Holland, qui revêt le costume de l’homme araignée. Il incarne un jeune Peter Parker, recruté par Iron Man, qui sera à l’essai dans l’équipe formée par Tony Stark. Première apparition pour un Spider-Man, dont le costume est affreux, qui aura le droit à une troisième adaptation, un reboot nommé Homecoming. Bien que le jeu d’acteur soit convenable, il manque l’aspect « loser » qui est propre au personnage et qui le rend si attachant.

Cette année 2016 est importante dans la rivalité opposant les deux maisons d’éditions de comics majeures, avec les sorties de Batman vs Superman et Civil War. DC a mis la barre très haute avec ses deux super-héros les plus populaires et compte sur leur prochain crossover, la Ligue des Justiciers, le reboot de Batman, Aquaman ou encore Flash,  pour rattraper et peut-être son rival au niveau cinématographique, Marvel. De leur côté, ce dernier prévoit également une longue liste de films à venir dont les très attendus, X-Men : Apocalypse, Wolverine 3, les Gardiens de la Galaxie 2 et Infinity War qui aura forcément un lien avec les évènements de Civil War.

Malgré une histoire assez bancale, l’action est digne d’un film de super-héros, les combats sont bien orchestrés et sont indéniablement le point fort de cette adaptation. Différents degrés de visionnage se présentent alors : l’un avec les fans qui ont lu les comics qui pouvaient s’attendre à mieux et l’autre avec les non-initiés au genre qui apprécieront le film en tant que tel.