Attendu par des millions de fans à travers le monde, Final Fantasy XV est, sans nul doute, l’opus le plus désiré par la communauté. Teasé depuis l’E3 2006 par Square Enix sous le nom de Final Fantasy Versus XIII, il aura connu moult changements notamment son appellation. De ce fait, le développeur japonais ne cessa de faire grandir la hype autour de ce titre : trailers par dizaine, gameplay à foison, série animée et film, tout est bon pour mettre en avant ce jeu qui est sur les lèvres de tout le monde depuis maintenant dix ans. Ce n’est pas sans compter sur l’équipe des illuminati qui étaient présents à l’avant-première du fameux film Kingsglaive : Final Fantasy XV au Grand Rex.
Dans la lignée des Final Fantasy, Kingsglaive s’inscrit comme étant le digne successeur du génie de Nozue Takeshi. Connu pour ses nombreux travaux dont Final Fantasy VII : Advent Children, Final Fantasy XIII ou encore Final Fantasy XV, il est donc l’homme adéquat pour s’occuper du dernier film de Square Enix. Alliant motion capture, images de synthèse et CGI, Kingsglaive offre un spectacle visuel qui comble les attentes des fans. La motion capture est poussé à l’extrême avec des visages plus réalistes que jamais et donne naissance à des personnages plus vrais que nature. Les expressions et la gestuelle sont si bien travaillées que la confusion règne quant à savoir s’il s’agit bien de personnages animés lorsque l’on visionne le film tant les émotions sont bien transmises. Cependant, certains de ces personnages, déjà présents dans le jeu, se voient attribués un acteur pour la motion capture ce qui change complètement leur faciès comme Lunafreya qui passe d’un visage très japonais à un visage plus western. Ardyn souffre également du même problème surtout au niveau des cheveux qui ont perdu leur couleur pourpre. Le film, à l’instar de la saga des Final Fantasy souffre de son occidentalisation nous laissant ainsi perplexe par rapport aux choix graphiques de Square Enix.
De surcroît, Kingsglaive est doté de scènes d’action de qualité et très dynamique (peut-être trop dynamique). En effet, le film est noyé sous les scènes d’action que l’on subit pendant deux heures non-stop. Le long-métrage ne laisse pas le temps aux spectateurs de souffler et ne se laisse pas à lui-même un moment de répit. Les combats se succèdent et laissent parfois un rendu très brouillon ce qui peut créer une confusion lors du visionnage.
D’autre part, les musiques de Final Fantasy ont toujours occupé une place primordiale créant ainsi un univers musical riche. Cependant, si certaines de ces musiques ont marqué notre vie de gameur, celles du film, bien qu’elles soient magnifiques, n’ont pas réussi à avoir le même impact que ses prédécesseurs. Ce phénomène s’explique probablement par le fait que le spectateur est plus captivé par le film ne se laissant pas transporter par l’ambiance sonore.
C’est bien connu, Square Enix a toujours offert des univers variés et très denses à travers ses Final Fantasy ou Kingdom Hearts qui, bien qu’elles soient d’excellentes sagas, ont la mauvaise habitude d’engloutir le joueur sous cette univers justement, bien trop riche. Le XVe opus ne semble donc pas déroger pas à la règle compte tenu des nombreux trailers et informations que nous avons ainsi que des formats exploités pour la promotion du jeu. C’est dommage puisqu’il est le seul à bénéficier d’autant de formats tels que Brotherhood, un anime en cinq épisodes qui se centre sur les quatre protagonistes ou encore le sujet du jour, le film Kingsglaive. Le scénario fait face à de nombreuses failles ce qui ne fait qu’agrandir la confusion. Les néophytes et autres fans qui ne s’attardent pas forcément sur l’actualité du jeu, gardant cela pour découvrir par soi-même, se voient donc confrontés à un surplus d’informations qui relèvent beaucoup de question laissées en suspens. Là est l’erreur du film qui n’accomplit pas son rôle d’introduction si ce n’est pour quelques points qui seront forcément repris dans le jeu. Des éléments comme les Daemons ou encore le Cristal restent incompréhensibles laissant malheureusement une sensation de flou.
Durant deux heures, les spectateurs attendent impatiemment l’apparition ou un léger caméo des quatre héros du jeu, bien qu’ils sachent qu’ils ne sont pas les protagonistes du film. Ce dernier ne se veut pas comme étant un concentré de fanservice mais une apparition de Noctis n’aurait pas été de tout refus. Cette sensation est d’autant plus présente lors de la dernière scène où l’adrénaline atteint son apogée et est violemment balayée par les crédits qui arrivent sans crier gare.
Du côté des personnages, l’intrigue s’articule autour des Glaives, l’escouade spéciale du roi et plus particulièrement de Nyx. Ce dernier, tout comme ses coéquipiers, n’est pas réellement développé et est introduit comme un cheveu sur la soupe. Mis à part quelques indices sur son passé sans réelle utilité pour l’histoire, il n’est pas approfondi et laisse encore une fois un goût de « non achevé ». En revanche, il reste le personnage le plus intéressant du film avec Luna qui d’ailleurs, forme un excellent duo avec le jeune homme. Duo qui, bien qu’il brille, éclipse la quasi-totalité du casting ce qui est fort regrettable. Hormis le roi Régis, tous les autres passent au second plan et ne servent que de tremplin aux héros. L’exemple de Clarus est le plus parlant, étant le père de l’un des personnages principaux du jeu, nous sommes en droit d’attendre un minimum au niveau de sa présentation ainsi que de son rôle en tant que bras droit du roi. L’absence de certains personnages comme Gentiana est problématique compte tenu de son importance dans le jeu et de son rôle qui consiste à toujours être aux côtés de Luna. Ravus, frère de Luna, aurait bénéficié d’une meilleure introduction si Square Enix ne l’avait pas « teasé » dans les trailers, gâchant ainsi la surprise de son retour.
Malgré un potentiel intéressant qui avait pour but de toucher autant les néophytes que les fans, le film n’a pas su tenir ses promesses et ne remplit pas son rôle de prologue. Le film étant composé de 90% de scènes d’actions étendues sur deux heures, il aurait peut-être été judicieux de raccourcir certaines d’entre elles afin de laisser place à un approfondissement de l’origine des personnages, des conflits, de l’histoire… Kingsglaive : Final Fantasy XV est donc victime d’un mauvais choix marketing de la part de l’éditeur japonais. En effet, le jeu peut vivre sans le film mais l’inverse n’est pas possible. Quant au jeu il semble détenir toutes les clés pour comprendre l’intrigue et peut se passer du film dont les grandes lignes se retrouveront forcément dans le jeu. Tout ce qu’il nous reste donc à faire est d’attendre Final Fantasy XV qui, nous l’espérons, saura combler nos attentes qui se cumulent depuis dix ans.