Depuis quelques années, les films d’animations japonaise se démocratisent de plus en plus, popularisés premièrement par le studio Ghibli, on voit que de plus en plus de réalisateurs qui souhaitent rivaliser avec le studio mythique et son créateur de génie, Hayao Miyazaki. La concurrence à donc commencer très fort avec Kimi no Na wa de Makoto Shinkai qui à littéralement explosé le box office japonais en 2016 et qui à remporté de nombreux prix à travers le monde. Mais aujourd’hui, un autre réalisateur va tenter sa chance avec un film audacieux qui pourrait bien lui aussi battre des records de box office, il s’agit de Masaaki Yuasa, que l’on découvre (ou redécouvre) avec Lou et l’île aux Sirènes.
On découvrira donc l’histoire de Kai, un adolescent plutôt introverti et blasé vivant avec son père et son grand-père dans la ville d’Hinashi, une petite ville de pêcheurs où il s’ennuie beaucoup. Ayant la musique électronique pour passe-temps, il se fera remarquer par des camarades de classe voulant monter un groupe, Yuho et Kunio, qui l’inviteront à faire une répétition sur « l’île aux sirènes », un parc d’attractions abandonné construit par la famille de Yuho il y a de cela quelques années. La ville d’Hinashi abritant une mystérieuse légende sur les sirènes, Kai qui a toujours été mis en garde contre ces créatures va découvrir avec surprise que ces dernières sont bien réelles en faisant la connaissance de Lou, un sirène ayant l’apparence d’une enfant dont la queue peut se transformer en jambes quand elle entend de la musique. Se liant d’amitié avec elle, il va faire la découverte des pouvoirs impressionnants de la jeune sirène et voudra alors en faire la chanteuse du groupe former avec ses amis. Le nouveau groupe formé se fera alors appeler « Siren » et recevra une proposition de la part du grand-père de Yuho pour faire un concert pendant la cérémonie des morts organisée par la ville. Hélas, tout ne se passe pas comme prévu et leur tentative de cacher Lou est un échec, elle sera alors découverte par tous et utilisée comme un moyen de promouvoir la ville d’Hinashi. Après un incident survenu pendant un nouveau concert organisé sur l’ïle des Sirènes, la vie de Lou sera menacée et Kai et ses amis feront tout ce qui est en leur pouvoir pour la sauver mais ils découvriront rapidement qu’une menace bien plus grande encore se rapproche.
Le premier détail qui nous saute aux yeux est l’animation. Masaaki Yuasa s’est fait justement connaître avec son trait particulier qui peut choquer de premier abord mais qui va se révéler spectaculaire dans certaines scènes, on peut observer ce phénomène dans une série qu’il a réalisée nommée Ping Pong The Animation. Ce trait est encore présent dans le film et c’est surement ce qui fait son charme, Yuasa marque vraiment sa différence avec son sens du mouvement quasi parfait et son utilisation des couleurs vives qui ne fait qu’accentuer la beauté de l’oeuvre. Un des éléments les plus travaillés et visible du film est l’eau qui représente une sorte de passerelle entre le monde des humains et celui des sirènes, le réalisateur a en effet choisi à la montrer sous une couleur plus verdâtre pour aussi marquer un côté surnaturel faisant référence aux pouvoirs des créatures marines. Malgré ce travail minutieux de l’animation qui la rend si spéciale, on a quand même peur qu’elle puisse en rebuter plus d’un qui sont habitués ou attachés aux standards de l’animation japonaise et qui ne voudront pas se lancer dans le visionnage d’un film esthétiquement si différent de ce que qu’ils ont l’habitude de voir.
La musique est aussi un des éléments les plus importants du film, on suivra les créations de Kai mais aussi de son groupe tout au long du long métrage. On verra aussi que la musique est aussi un moteur pour les créatures marines qui semblent très attirées par les sons, c’est justement la musique qui fera se rencontrer nos deux protagonistes, elle leur servira de lien, non pas physique mais spirituel pour pouvoir se comprendre et se découvrir. C’est Takatsugu Muramatsu qui a été chargé de la musique dans ce film, il à choisi de donner un ton léger en misant sur un mélange de pop rock très adouci donnant un sentiment d’innocence à l’oeuvre. On verra aussi que la musique acoustique à un intérêt puisque Kai utilisera son ukulélé pour écrire une chanson qui lui permettra d’exprimer ses sentiments de la plus belle des manières.
La ville d’Hinashi et ses habitants auront un grand rôle à jouer dans le film, étant une ville dont l’activité principale est la pêche, toutes les activités tournent autour de la mer et c’est un des facteurs qui influencent les habitants et surtout Kai qui a des rêves bien plus grand que de devenir pécheur. On verra que la ville et les habitants forment vraiment un tout, autant au niveau de l’animation que de l’histoire qui met vraiment en lumière l’attachement des habitants à leur ville. Et c’est justement cette ville qu’ils chérissent qui les conduira à exploiter Lou et la légende des sirènes, ce qui marquera leur différence avec ces dernières, les humains sont prêts à tout, même à heurter et mettre en danger une autre espèce pour parvenir à leurs fins. Les habitants hauts en couleurs et la ville ont été très travaillés par le réalisateur qui voulait vraiment représenter une ville traditionnelle japonaise où même l’impossible peut se produire et c’est justement grâce aux habitants qui n’ont d’ordinaire que leurs apparences que cela est possible.
Au final, Lou est l’ïle aux sirènes est une très belle surprise, possédant des personnages charismatiques, une bonne histoire et une animation décalée mais surprenante, ce film saura plaire à tous si l’on ne juge pas trop sur l’apparence. On le recommandera à tous les fans du réalisateur qui connaissent déjà son travail mais aussi à ceux qui veulent découvrir un bon film dans la même veine qu’un Ghibli.