- Auteur : Noda, Satoru
- Genre : Seinen, Historique
- Editeur : Ki-oon
Synopsis : Saichi Sugimoto est une véritable légende de la guerre russo-japonaise du début du XXe siècle. Surnommé “l’Immortel”, il a survécu aux pires batailles menées dans les régions les plus sauvages qui soient. Mais quand le conflit se termine, il se retrouve seul et sans le sou… C’est alors qu’il apprend l’existence d’un fabuleux trésor de 75 kilos d’or accumulé par les Aïnous, peuple autochtone vivant en harmonie avec la nature. Hélas, le magot a été volé, puis caché par un homme désormais enfermé dans la pire prison d’Hokkaido. Les seuls indices menant au butin sont de mystérieux tatouages inscrits sur la peau de criminels évadés…
Pour Sugimoto, la chasse au trésor est lancée… Cependant, seul, il a peu de chances de s’en sortir. À peine sa quête commence-t-elle qu’il manque de se faire déchiqueter par un ours brun ! Il ne doit la vie qu’à l’intervention providentielle d’Ashirpa, jeune indigène liée aux propriétaires légitimes du butin. Ils décident de faire équipe pour affronter les nombreux dangers qui les guettent sur la route de l’or des Aïnous…
Véritable succès au Japon, Golden Kamui a su s’imposer dans le marché du manga parmi les meilleurs seinen de ces cinq dernières années. Raflant le Grand prix du Manga Taisho en 2016, il a également été nominé lors du Prix culturel Osamu Tezuka et du Prix du manga Kodansha, la même année. C’est donc avec une attente non dissimulée qu’on l’attendait impatiemment et c’est l’éditeur Ki-oon, comme à sa grande habitude, qui a obtenu ce manga qui a conquis le pays du Soleil Levant.
Mêlant aventure et histoire, Golden Kamui se place d’ores et déjà comme le résultat d’une recherche monstre de la part de l’auteur. En effet, avec un contexte historique bien défini, le manga ne cherche pas à enjoliver les choses ou à faire de ses personnages ce qu’ils ne sont pas. Ainsi, la tribu des Aïnous n’est pas issu de son imagination ou autre mais bien d’un travail de recherche sans doute durement mené. Beaucoup d’objets, rituels ou encore dialectes proviennent de cette tribu et on est littéralement plongé dedans. A l’instar de The Revenant, qui propose certes une histoire différente, mais qui garde les mêmes thématiques, Golden Kamui arrive à nous embarquer dans cette époque et cette île de Hokkaido qui n’est pas forcément l’aspect historique du Japon que le grand public connait. Avec les explications toujours bien amenées des termes Aïnous ou encore des différents aspects de l’armée japonaise, on n’est jamais perdu durant le récit.
L’histoire a déjà été vue auparavant mais cela n’est absolument pas dérangeant ici. Noda parvient à captiver l’attention de ses lecteurs et à les emmener là où il veut. Bien que quelques trames de l’intrigue ait été pressenti quelques pages plus tôt, le plaisir n’en est pas moindre. Une gigantesque chasse aux trésors, confrontant plusieurs factions, rien de mieux que cela pour se lancer à l’aventure. Basée principalement en forêt dans ce premier volume, les connaissances de l’auteur sur les Aïnous sont la force de l’action. Tout est parfaitement calculé et rien n’est laissé au hasard, nous incitant, contre notre gré, à ne plus lâcher le manga des mains. Entre scènes d’action et pistage, le rythme reste soutenu et tendu, nous faisant retenir notre souffle.
Dans Golden Kamui, bien que le protagoniste Sugimoto Saichi soit très classe, c’est la jeune Aïnou, Ashiripa qui lui vole la vedette. Calme et froide, elle sait tout ce qu’il y a à savoir sur la chasse qu’elle met en pratique sur les hommes tatoués que le duo recherche. Ce dernier marche du tonnerre car on a d’un côté Sugimoto, un vétéran de la guerre qui ne pense qu’à l’argent (pour une bonne raison) et qui pour en obtenir, ferait tout et de l’autre Ashiripa, jeune fille qui respecte énormément les traditions de sa tribu et blâme ce qui attire les mauvais esprits. Donnant quelques scènes humoristiques, bien qu’elles soient très peu, la différence de vécu et de caractères des deux protagonistes font qu’ils forment une si bonne équipe.
C’est indéniable, le dessin est somptueux. Avec une couverture aux couleurs chaudes et quelques premières qui suivent le mouvement, Noda propose dès le début, une qualité graphique très élevée. Le découpage est impeccable et sait s’adapter aux situations. Lorsqu’il y a de l’action, le découpage est très rapide tandis que lors des moments plus lents, le découpage soutient le rythme et se veut plus léger. Les traits des personnages sont beaux et les émotions passent bien tant l’auteur a un style unique. L’édition de Ki-oon, toujours aussi parfaite, rend la lecture agréable, les pages ne sont pas rigides et l’encre ne bave pas, un travail à la hauteur de cette maison d’édition qui ne cesse de grimper au fur et à mesure des années.
C’est donc un quasi sans faute pour ce premier volume de Golden Kamui. Malgré un cliffhanger pas énormément incroyable, on attend impatiemment la suite de ce seinen qui s’annonce excellent à en juger le premier tome. Reste à savoir si Noda va poursuivre sur cette lancée.