- Auteur : Motorô Mase
- Genre : Drame, Suspense
- Editeur : Kazé
Synopsis : La suspicion d’une redoutable inspectrice et le sentiment d’être suivi pèsent sur Fujimoto. Dans ces conditions, difficile pour le jeune fonctionnaire de venir en aide aux victimes de l’Ikigami comme il le souhaiterait. Qu’il s’agisse d’un danseur, d’un ancien détenu ou d’un homme d’une laideur repoussante, tous devront pourtant affronter le regard de la société, s’ils veulent profiter de la vie jusqu’au bout…
Le suspense continue dans ce volume où notre livreur aura toujours et encore l’impression d’être suivi dans les rues de la ville. Il s’avère être surveillé par un homme assez mystérieux mais rien n’est prouvé. En parallèle, nous suivrons les dernières heures de quatre « élus » de la société afin de mourir en héros pour la « Prospérité de la Nation ». Dans un premier temps, Takaaki Morisawa se verra recevoir l’Ikigami alors qu’il se lançait dans un projet professionnel dans le domaine de la photographie. Très prometteur, ce jeune homme, au cours de ses dernières 24 heures, va tout faire pour renouer des liens avec l’homme qui lui a tout appris de sa passion : le vieux et entêté Ikeyama, petit développeur de photo très apprécié de tout le quartier.
Après quelques surprises et de un très beau moment d’émotion…(Chlac!) leur dispute s’envole au moment où la dernière photo du vieil homme fut prise par son ancien apprenti, photo censée servir pour les funérailles de M. Ikeyama ; mais c’est notre protagoniste qui s’en ira avant lui.. Quelle ironie du sort! Pour ce qui est des autres futurs héros de la Nation : le suivant est un danseur de rue, Katsunori, il aime la danse mais arrête cette dernière afin de se concentrer dans des études pour ouvrir son propre cours de danse, idée proposée par son père qui, d’une pierre deux coups, lui permet de poursuivre son rêve mais aussi d’obtenir un diplôme.
Ce n’est que lorsqu’il reçoit son préavis de mort qu’il se résume à reprendre la danse avec ses amis malgré sa prise de poids considérable, se retrouvant même dans une situation qui s’avère être gênante, en effet il doit prouver qu’il sait encore danser et se met à exécuter des pas très techniques devant la gare où une foule détourne le regard par pitié de cet homme obèse qui se ridiculise. Avec de l’acharnement et de la motivation il va même réussir à enclencher des applaudissements de la part d’inconnus car il aura réalisé une superbe figure sous les yeux ébahis de son père et ses amis. Il partira en tant qu’idole pour certains et en temps que fierté pour ses parents.
Le troisième présumé mort est Kitamura, tout juste sorti de prison pour avoir renversé par accident, deux ans plus tôt, le jeune fiancé Hideki Mitsuya, qui venait tout juste de demander sa chère et tendre en mariage. Il sera poursuivi et harcelé par la jeune veuve et elle ira même jusqu’à vouloir l’écraser à son tour en voiture. De fil en aiguilles, la colère de la pauvre Yuki se dissipe et fini par se calmer et l’écouter. Quelques instants avant sa mort il voudrait déposer un projet à la mairie : celui de placer des miroirs aux angles de ce virage mortel. Elle acquiesce. Le regretté meurt, le sourire aux lèvres, sous les yeux de cette dernière en sachant qu’elle le haïra à vie.
Du côté de Fujimoto, il découvrira qu’il est bel et bien surveillé par un homme envoyé par la terrible inspectrice Satsuki Kaga. Il devra donc faire son travail avec l’objectivité la plus totale, une tâche difficile pour notre livreur au grand coeur. Enfin, c’est dans la peau du repoussant Degu, surnommé « Dégueu », que l’on clos ces différents drames. Ce dernier, traumatisé et repoussé toute sa vie par ses camarades de classe, ses collègues de travail et même ses connaissances, décide d’avoir recours à la chirurgie afin de changer d’apparence : sa vie recommence. Mais c’est sans surprise qu’il ouvre la porte à notre ange de la mort venu lui délivrer son préavis de mort, là où sa vie prenait un nouveau tournant. Son dernier désir sera celui de partir « comme un homme », vous l’aurez bien comprit : il est puceau et veut connaître le plaisir charnel au moins une fois. Il va assister à une scène qui va changer le restant de sa vie : il tombe sur un groupe d’hommes agressant une jeune femme, cette dernière n’est autre que Ruriko, celle dont il est amoureux depuis le collège.
Le courageux héros ira jusqu’à se sacrifier pour sauver sa chère et tendre. Plus tard dans la soirée, il finira chez elle pour boire un café, et le lendemain Degu s’éteindra avec un sourire de fierté, vous l’aurez également comprit. Cette oeuvre nous mène à réfléchir sur notre sort quant à la dure réalité qui est la mort. On pense et on lit différemment ce manga car on s’identifie à tous ces personnages, on se met à leurs places ou bien celles de leurs proches. Très bel ouvrage qui mérite amplement toutes ses récompenses et nous rend carrément accro à l’idée de vivre d’autres histoires déchirantes. Et nous, que ferions-nous si l’on recevait l’Ikigami? En voilà une bonne question.