- Auteur : HARA Yasuhisa
- Genre : Guerre, Historique
- Éditeur : Meian
Synopsis : Dans la Chine de l’époque des Royaumes Combattants qui va du Ve siècle av. J.-C. jusqu’à l’unification des royaumes chinois par la dynastie Qin en 221 av. J.-C), on suit le jeune Shin dans son chemin vers l’accomplissement de son rêve : devenir un Grand Général. Shin est originaire de l’état de Qin, en proie à de nombreux soubresauts aussi bien à l’intérieur du royaume qu’à l’extérieur. À travers l’histoire de Shin, on suit aussi notamment l’histoire de Ei Sei, l’homme qui sera par la suite connu sous le nom de Qin Shi Huang, unificateur de la Chine.
Longtemps attendu dans nos contrées françaises, Kingdom était et est toujours, le manga du moment, que ça soit au Japon ou en France. Il a été sujet à de nombreuses rumeurs quant à l’éditeur qui aurait le courage de se lancer dans la publication française du manga. Après des années d’attente, c’est donc le nouvel éditeur Meian qui s’est attribué les droits de la licence en France, pour notre plus grand bonheur.
Kingdom raconte donc l’histoire de deux jeunes garçons, Shin et Hyou, amis d’enfance et frère de coeur. Ensemble, ils s’entraînent pour devenir les plus grands généraux du pays. Ce n’est que lorsqu’un homme propose à Hyou de venir au palais royal que l’aventure du jeune Shin commence.
Si le pitch de base peut paraître assez simplet et naïf, il n’en est rien. Les deux premiers tomes n’ont beau être que le début d’un récit plutôt long (déjà plus de cinquante tomes au Japon), l’auteur y propose déjà une certaine maturité. Même si je n’aime pas parler en termes de « shonen », « shojo », disons que Kingdom est à la croisée d’un shonen et d’un seinen. On y suit un jeune garçon, Shin, dont le rêve est de devenir le plus grand des généraux. Très nekketsu dans son écriture en surface, il n’empêche que l’oeuvre va au-delà de ce genre tant vu et revu. Ici, il s’agit de guerres et de combats, de conquêtes et de politique, de victoires et de défaites. Etant une oeuvre retraçant pas toujours véridiquement, l’ascension de l’état de Qin et comment celui-ci à unifier la Chine, Hara dépeint ces batailles qui ont fait rage à l’époque. Bien que, comme dit précédemment, cela ne soit pas toujours véridique et que le manga ne soit pas une oeuvre sur l’histoire exacte de Chine, on sent bien que le mangaka a fait de nombreuses recherches pour parvenir à un certain degré de réalisme. Il s’inspire donc librement de cette période et sa passion pour celle-ci se fait ressentir grâce à ce travail de recherche méticuleux dont il nous fait part.
Les personnages, quant à eux, sont aussi intéressants que l’histoire en elle-même. On retrouve le point d’ancrage, Shin, le héros, qui est le protagoniste classique mais dont les motivations et les épreuves auxquels il devra faire face, le rendront plus mature et attachant. A ses côtés, on retrouve une ribambelle de personnages intrigants comme Ei Sei, Ten etc… Ces personnages, ressortent grâce à leur histoire personnelle, leurs ambitions ainsi que les interactions qu’ils ont entre eux. L’humour est notamment à souligner, donnant ainsi un ton plus léger par moment et permettant ainsi de nous sentir plus proche des personnages.
Hara gère très bien son récit avec ces deux premiers tomes, notamment les quelques affrontements qu’il y a eu. Il fait bien la transition entre les champs de batailles et le côté politique, qui sont les deux grands thèmes qu’abordent l’oeuvre. Il ne cesse de faire la navette entre un tableau sanglant ainsi qu’un autre plus diplomatique, permettant ainsi à l’oeuvre d’avancer convenablement. C’est pour dire, lorsque l’on commence à lire un tome, on ne peut que le finir d’une traite, tant il arrive à installer des sous-intrigues sans cesse.
Ancien assistant d’Inoue Takehiko, Hara n’a plus rien à prouver d’un point de vue graphique. Juste avec ces deux premiers tomes, on peut noter le talent qu’il a et sa maitrise avec les différents angles. Il y dessine des paysages magnifiques ainsi que des doubles pages époustouflantes, notamment durant les scènes de guerre. Il nous embarque dans ces champs de bataille avec des pages parfois très brouillon, où l’on perd le fil de l’action tant c’est chaotique. Il parvient à retranscrire les réalités de la guerre qui n’est pas aussi chorégraphiée que dans les films. On s’y perd, c’est le bordel et on aime ça. Les lecteurs sont tout autant acteurs que les combattants. Il tâche même d’expliquer, par le biais de ses personnages, chaque tactique et caractéristiques des champs de bataille auxquels on ne pense pas forcément comme les rations de nourriture, les périodes de repos, etc…
Meian nous fait donc plaisir avec la venue des deux premiers tomes d’un manga qu’on attendait depuis si longtemps. Editeur inconnu au bataillon, ils ont su faire parler d’eux très vite, grâce à un professionnalisme hors-pair et leur abonnement plus qu’intéressant que vous pouvez retrouver sur leur site. La qualité des tomes est impeccable, le papier est agréable et le relief sur le titre du manga sur la couverture est très beau. Le fait qu’ils s’associent avec l’équipe de Kingudamu, qui propose les chapitres chaque semaine, est également un point fort puisqu’ils sont donc épaulés par des fans et des faits connaisseurs du manga. On a donc plus que hâte de pouvoir lire la suite !