- Auteur : TOUDA Yoshimi
- Genre: Romance, Drame
- Editeur : Akata
Synopsis : Yuri rentre au lycée… Mais contrairement à d’autres, ce n’est pas le coeur léger qu’elle envisage les dernières années de sa vie d’adolescente. Ex-voyou, elle semble porter en elle le poids d’une mystérieuse culpabilité. Ce n’est pas pour rien, d’ailleurs, qu’elle a perdu en partie la mobilité de son bras droit. Chio, un de ses camarades, commence à lui tourner autour… Mais Yuri n’est pas disponible pour l’amour. Son leitmotiv reste inchangé : lors de ses années lycée, tout ce qu’elle souhaite, c’est « prouver la valeur de sa vie ». Pourquoi ? Et pour qui ?
L’éditeur Akata est, depuis le début de l’année, dans sa lancée de publications de manga pour jeunes filles avec entre autres, Moving Forward et le one-shot qui est sorti à l’occasion de la Saint-Valentin, La Valeur de ma vie. On y retrouve alors Yuri, une jeune lycéenne qui cache un lourd passé qui l’oblige à aller vers les gens et être aimable avec autrui. Lorsqu’elle fait la rencontre de Chio, un de ses camarades, elle dévoile alors son côté agressif qui effraie le reste de sa classe et lui redonne le statut de fille peu fréquentable qu’elle avait au collège.
Toute l’intrigue repose donc sur le passif de Yuri qui n’est pas des plus joyeux. En effet, la jeune fille était une voyou avant de faire son entrée au lycée. Durant ses années collège, elle eut un accident de moto, ce qui causa la perte de la mobilité de son bras droit mais qui fit perdre le bras d’une fille qu’elle ne connaissait pas. Suite à cela, les deux japonaises vont apprendre à se connaître et une amitié va naître entre elles. C’est de là que vient cette volonté de la part de Yuri de vouloir aller vers les autres et de montrer qu’elle est une personne bien, qui n’a plus rien à voir avec celle qu’elle était auparavant.
Le personnage de Yuri est présenté comme quelqu’un de meurtri et dont le passé ne cesse de la ronger. Yuri est une fille qui a souffert et souffre toujours de ses erreurs et de ses choix. Touda nous livre une ambiance plutôt sombre et très différente des shojo que l’on a l’habitude de voir (d’ailleurs, l’autocollant « Saint-Valentin » sur le manga est complètement ridicule puisqu’il n’est en aucun cas question d’une histoire d’amour ici). On nous dévoile les sentiments d’une jeune lycéenne qui essaie de se racheter et dont les regrets qu’elles éprouvent la bouffent littéralement. Au-delà d’une dispute entre deux amis, il s’agit vraisemblablement d’une acceptation de soi et de ses erreurs qu’on ne devrait pas tenter de dissimuler. A travers son oeuvre, l’auteur tente de toucher directement le lecteur et de le prévenir que chacun est ce qu’il est, avec ses défauts et ses choix. La pseudo romance qui est présente dans l’oeuvre n’est pas un prétexte mais réellement utilisé dans le but de faire évoluer Yuri ainsi que Chio dont le passé n’est pas des plus joyeux non plus. C’est le lien que ces deux-là partagent qui va les aider, l’un et l’autre, à aller de l’avant et ne plus regarder en arrière.
Cependant, malgré un scénario plutôt convenable bien que parfois assez naïf par moment, le graphisme n’aide pas à relever le niveau de l’ensemble de l’oeuvre. Touda a encore beaucoup de chemin avant de maîtriser pleinement son style qui est, malgré tout, pas si mal pour une première oeuvre. On sent cependant une patte très shojo et qui fait penser aux innombrables œuvres pour jeunes filles que l’on a déjà vu et revu avec un style graphique quasi similaire. C’est fortement dommage pour un manga qui tentait de s’éloigner de ces codes typiques. Le découpage reste bon dans la globalité et la lecture est fluide bien qu’à certains moments, le nombre de bulles par pages soit important et laisse une confusion étant donné qu’on balance aux lecteurs une tonne d’informations à la suite.
L’initiative d’Akata d’éditer des œuvres plus jeunes et méconnues du public n’est pas sans reste et devrait être salué. Cependant, malgré une très jolie couverture et une commercialisation argumentée faussement autour de la fête des amoureux, La Valeur de ma vie ne marquera sans doute pas les lecteurs et sera vite jeté aux oubliettes.