- Auteur : NOGIZAKA Taro
- Genre : Historique, Drame
- Editeur : Glénat
Synopsis : À la veille de la Révolution, Gédéon rêve de représenter le Tiers-État aux états généraux pour sauver la France de la misère. Georges, duc de Loire, n’aspire quant à lui qu’à détruire l’ordre établi. Quel avenir la rencontre de ces deux hommes apportera-t-elle à la France ?
Après Team Medical Dragon et La Tour Fantôme, Nogizaka Taro revient avec un troisième titre qui n’est autre que Le 3e Gédéon. Il s’agit là de sa deuxième oeuvre en solo à être publiée en France, étant donné que Team Medical Dragon était une collaboration avec le regretté Nagai Akira. C’est donc une France du XVIIIe siècle que l’on retrouve dans cette oeuvre historique. Avec comme protagoniste Gédéon Aymé, un auteur de romans érotiques, l’histoire s’axe sur l’ambition de celui-ci à faire de la France un pays meilleur, puisqu’elle travers actuellement une période extrêmement compliquée où seule famine et désespoir règnent en maître. Pour cela, il souhaite devenir député et participer aux prochains états généraux afin de changer les choses mais tout ce qu’il parvient à faire et de mal se faire voir par les nobles. Ces derniers ayant le pouvoir ultime juste après le Roi, ils n’apprécient guère l’idée qu’un homme tel que Gédéon leur tienne tête et tente de faire basculer leur privilège. C’est pourquoi, le jeune homme se retrouve emprisonné à la Bastille, célèbre prison de notre pays et véritable symbole de la révolution française. Il est alors découvert sur lui, une montre de noblesse, ce qui soulèvera bon nombre de questions autour du personnage. Alors que sa fille se fait torturer et est à deux doigts d’être pendue, un mystérieux cavalier fait son apparition et vint sauver la jeune enfant. On apprend alors qu’il s’agit de Georges, ami d’enfance de Gédéon.
L’univers est classique, bon nombre d’œuvres ont inventé et réinventé la période de la Révolution Française comme La Rose de Versailles, Assassin’s Creed : Unity ou encore Innocent. Ce sont donc de nombreuses recherches qui ont permis à l’auteur de créer l’oeuvre et ça se sent. A travers l’architecture, les vêtements, les événements ou encore la mentalité des personnages, aussi bien nobles que paysans, tout découle de faits réels. Cependant, le manga demande une certaine connaissance au préalable avant de se lancer dans l’histoire puisque des faits comme l’emprisonnement pour atteinte au bonnes mœurs ou la domination de l’Eglise sur le peuple sont des choses ancrées dans le quotidien de cette époque. Si l’on ne connait pas tout cela, on serait alors en droit de se demander « pourquoi ne font-ils rien contre le curé ? », « il n’a rien écrit de mal, pourquoi l’enferme-t-on ? », et l’auteur ne prend pas la peine de revenir dessus et d’expliquer un minimum. Or, lorsqu’il s’agit de sujets plus complexes comme la politique, des explications claires sont apportées et on applaudit cet élan de Nogizaka à instruire son lectorat.
Le personnage de Gédéon Aymé est sympathique et attachant. Grâce à son dévouement pour sa fille, on l’apprécie vite surtout quand il dévoile ses convictions qui sont plus qu’honorables. Présenté comme un peu stupide, il s’avère finalement, au fil de ce premier volume, qu’il est plus naïf qu’autre chose. C’est de cette naïveté que le second personnage principal est « né » et se nourrit, le Duc de Loire, Georges, sixième du nom. Ami d’enfance de Gédéon, il est issu d’une famille noble qui a recueilli Gédéon alors qu’il n’était qu’un manant. Malgré leur différence de rang, Georges prend vite Gédéon sous son aile, le considérant ainsi comme son frère. D’ailleurs, on regrette bien vite que l’auteur nous ait dévoilé le passé de ces deux-là aussi vite ainsi que le mystère qui entourait l’œil de Georges. On aurait bien voulu qu’il fasse durer le suspens quelques tomes de plus. Au-delà de ces airs angéliques, Georges est présenté comme un être sans-cœur et très manipulateur, rappelant parfois un certain Griffith. On se demande alors quel est le but du Duc puisqu’on sait qu’il est associé à Robespierre et pour ceux qui ont bien suivi leur cours d’histoire, ils savent que ce nom est l’un des plus terrifiants du XVIIIe siècle.
Ce premier tome annonce une oeuvre plutôt intéressante dans son ensemble et intrigue pas mal. Les dessins sont jolis malgré que l’on ressente parfois un effet assez brouillon. On attend la suite qui sera dans nos librairies en juin prochain.