- Auteur : TAKAHASHI Rumiko
- Genre : Fantastique, Aventure
- Editeur : Glénat
Synopsis : À l’âge de 7 ans, la jeune Nanoka Kiba a perdu ses deux parents dans un accident. Aujourd’hui en troisième année de collège, elle revient sur les lieux du drame et se retrouve projetée un siècle plus tôt, en pleine ère Taisho. Dans ce Japon du début du XXe siècle, elle rencontre Mao, un chasseur de yôkai, qui la considère comme l’un d’entre eux. À la recherche de la créature qui l’a maudit, il va aider Nanoka à lever le mystère sur sa véritable nature…
On ne vous fera pas l’affront de vous présenter Rumiko Takashashi, détentrice du Grand Prix de la ville d’Angoulême en 2019, elle ne cesse de faire parler d’elle depuis, bien qu’elle ait toujours été en vogue depuis les années 80. Après avoir bouclé Rinne en 2017, elle prend une petite pause pour revenir l’année dernière avec son dernier titre en date, Mao. Gros concentré de tout ce qu’a pu produire l’autrice auparavant, le titre arrive enfin chez nous, seulement un an après le début de sa publication et on vous dit ce qu’on en a pensé.
Alors qu’elle n’est qu’une enfant, Nanoka se voit être la seule survivante d’un étrange accident de voiture qui a pris la vie de ses deux parents. N’ayant plus grand souvenir de l’incident, si ce n’est une créature terrifiante, elle reprend doucement mais sûrement le cours de sa vie. Ce n’est que quelques années plus tard, lorsqu’elle est au collège, qu’elle se rend compte que le lieu où s’est déroulé le tragique accident est un portail vers une autre époque, les années 20 au Japon. Elle y fait la rencontre de Mao et Otoya, deux êtres énigmatiques qui lui feront vite comprendre qu’elle est spéciale.
Effectivement, le pitch de départ est d’un bateau sans nom, on en conviendra. Takahashi reprend véritablement les codes qui ont fonctionné pour certaines de ses anciennes œuvres, notamment Inuyasha. Le parallèle est quasi obligatoire tant les intrigues de départ se ressemblent comme deux gouttes d’eau. Qu’il s’agisse de l’histoire, des personnages ou bien de l’univers, tout y est. Est-ce une mauvaise chose ? Pas forcément. Là où Inuyasha nous offrait un monde entièrement fantastique, Mao se veut plus terre à terre, flirtant plus avec le fantastique qu’avec un univers de « fantasy ». On remercie Glénat d’avoir sorti les deux premiers tomes simultanément puisqu’avec juste le premier, il est plus que difficile de s’immerger complètement dans le récit. Le premier volume est une grosse introduction, qui se poursuit dans le second, avec des petites enquêtes que résolvent notre trio. Cela sert à installer petit à petit les bases de l’histoire tout en donnant aux lecteurs quelques éléments du passé de Mao et Nanoka. Ce n’est que vers la fin du second tome que l’intrigue devient un poil plus intéressante.
Côté personnages, on reste sur du basique de chez basique dans l’univers de Takahashi, voire en général dans ce genre d’histoire. Elle a été une pionnière du genre fantastique dans les années 80 et a influencé bon nombres de jeunes auteurs durant des décennies comme Adachitoka avec Noragami pour ne citer que l’un des titres les plus récents et populaires. On retrouve donc une espèce de Kagome 2.0 avec un Inuyasha 2.0, le genre de personnages que l’on pouvait déjà avoir dans sa précédente série, Rinne. On regrette que Takahashi peine à se renouveler et patauge dans un genre qu’elle ne connait que trop bien. En effet, elle a révolutionné le genre mais il semble que dorénavant, elle peine à réitérer l’exploit.
Du haut de ses soixante-deux ans, Takahashi nous surprend en parvenant à maintenir un rythme soutenu dans la publications de mangas. Contrairement à d’autres auteurs qui, les années passant, souhaitent consacrer plus de temps à d’autres activités que le manga, Takahashi s’efforce à poursuivre dans cette direction. On ne lui retire en rien son talent et sa détermination à vouloir nous conter des histoires mais le « coup de vieux » se fait nettement ressentir ici. On l’avait déjà remarqué dans Rinne mais Mao accentue l’idée que le coup de pinceau du maître n’est plus celui qui l’était. La transition vers le numérique, bien qu’il soit plus simple pour l’autrice, est mal amenée. Takahashi peine à nous offrir des personnages expressifs, si bien qu’ils semblent tous monotones. Les décors sont pauvres et les trames fades, ce qui donne une sensation de vide permanent. On regrette la grande époque de Ranma 1/2, Maison Ikkoku ou d’Inuyasha…
Sorti en début juillet, Mao peine véritablement à trouver une place dans le catalogue déjà plus qu’enrichi de Glénat. Le nom de Takahashi pourra attirer l’oeil au premier abord mais cela ne sera malheureusement pas suffisant pour combler le lecteur. L’histoire et les personnages ne sont pas des plus alléchants et le style graphique scelle définitivement le sort de ce manga. Le tome 3, prévu pour octobre, nous le confirmera ou non.