- Auteur : NANAJI Nagamu
- Genre : Romance, Slice of Life
- Editeur : Akata
Synopsis : Sourire pour quoi ? Sourire pour qui ? Pour masquer ses blessures… ou exprimer sa joie ? Kuko, jeune lycéenne, affiche toujours un sourire radieux ! Mais autour d’elle, personne ne semble soupçonner que derrière cette apparente bonne humeur se cache une profonde douleur. Ni son père. Ni Kiyo, son voisin métisse. Ni Ibuki, son amie d’enfance fan de shôjo mangas. Seul Outa, jeune étudiant en école d’art, réussit à lire en elle, au-delà des apparences. Car en réalité, depuis sa plus tendre enfance, Kuko souffre d’une absence : de celle d’une mère décédée lors du grand séisme de Kobé. Alors, pour exorciser tout son mal-être, la jeune fille aime tenir son blog photo, sur lequel elle poste « sa vision du monde », à travers le regard des animaux. Mais l’arrivée dans son quartier d’un garçon plus perspicace que les autres pourrait bien chambouler son quotidien…
Déjà connue dans l’hexagone pour des œuvres comme Parfait Tic! ou Koibana – L’amour malgré tout, Nanaji Nagamu revient une troisième fois avec le titre Moving Forward dans lequel on retrouve Kuko, une jeune lycéenne qui a perdu sa mère dans un tremblement de terre alors qu’elle n’était qu’un bébé. Suite à cet événement traumatisant pour son père et elle, la jeune fille s’est décidée à sourire peu importe ce qui pourrait lui arriver dans la vie mais lorsqu’elle se rapproche d’Outa, l’apprenti peintre et qu’elle fait la connaissance de Sazuku, son nouveau voisin, sa vision du monde et d’elle-même commence peu à peu à changer.
On pourrait s’attendre à un shojo classique avec des personnages très clichés, ce qui est malheureusement le cas de ce côté-là mais l’univers rattrape cela. Ici, pas d’intrigue qui plan place dans un lycée comme l’auteur avait l’habitude de faire dans ses précédentes œuvres. Nanaji a choisi de s’éloigner de ce lieu cliché qu’est l’établissement scolaire afin de se concentrer sur le monde extérieur. En effet, on a plutôt l’habitude dans ce genre d’histoires de se concentrer sur la vie lycéenne ce qui fait finalement du lycée un lieu oppressant, une prison pour ses personnages, le seul lieu où ils pourront évoluer. L’artiste a donc opté pour une histoire dans un petit village reculé du Japon. Par ce biais, on vise un certain réalisme et Nanaji accentue tout ça lorsqu’elle utilise de véritables endroits de cette ville afin de s’en inspirer et les réintégrer dans son oeuvre. L’environnement a un impact puissant sur l’histoire, on s’en rend vite compte dans le deuxième tome lorsque le passé de Kuko nous est révélé. Moving Forward est une oeuvre qui ne parle pas de catastrophes naturelles, ni même d’une romance à l’eau de rose, elle parle de ce qu’il y a après un tel événement, comment la vie de chacun se reconstruit après ce traumatisme, comment on se sent lorsque l’on est témoin, victime ou alors celui qui a perdu un proche dans cette situation. Nanaji met le doigt sur ces thématiques plus que délicates qui touchent énormément de gens et dont elle est particulièrement familière, le Japon étant en proie à beaucoup de tremblements de terres et autres catastrophes naturelles.
C’est donc dans cet univers que nos protagonistes vont vivre et évoluer et le véritable problème de l’oeuvre est là. Certes, la finesse d’écriture de l’auteur parvint à rattraper une héroïne clichée au possible mais on ne peut pas juste fermer les yeux et tenter d’apprécier l’histoire malgré tout puisque comme dit juste en haut, il s’agit de l’héroïne. Kuko est insupportable de par sa façon de sourire sans cesse, bien qu’il s’agisse-là de ce qui l’a défini. Elle sonne faux dans un monde réaliste et ça pourrait faire un beau parallèle mais c’est juste dommage. Grâce à Outa, elle se remet en question et changera surement au fur et à mesure des tomes, ce qui la rendra plus attachante, sans aucun doute. Kuko exprime la victime qui ne sait pas comment réagir et se comporter compte tenu du drame que son père et elle ont connu et se contente donc de ne pas se plaindre et aller de l’avant malgré tout, à l’instar du certaine Tohru Honda dans Fruits Basket. A ses côtés, on retrouve des personnages tout aussi clichés mais moins agaçants comme Kiyo, l’ami d’enfance qui est amoureux de Kuko, Ibu, sa meilleure amie, une accro aux shojo ou encore Outa, le brun ténébreux qui se sent mal dans sa peau. Vous l’aurez compris, niveau personnage on est pas plus gâtés que ça et on regrette amèrement des personnages originaux pour changer.
Dans l’ensemble, les dessins vont de pair avec les personnages, le style de Nanaji n’a pas vraiment évolué depuis Parfait Tic si ce n’est qu’il est beaucoup moins rond et rose avec plein de couleurs très vives. Encore une fois, elle privilégie un ton plus sobre et terre-à-terre à l’image de son manga. On retrouve alors tantôt des couleurs plus claires et chaudes tantôt des couleurs plus sombres et froides. Comme dit précédemment, le travail de recherches graphiques est intéressant puisque vous pourrez retrouver dans les volumes, des pages où l’auteur expose les photos qu’elle a pris et ce qui lui a servi pour créer les décors où se retrouvent les personnages au fil de l’histoire.
Moving Forward est finalement un bon shojo mais qui rebute pas mal quant à son héroïne qui fait grincer des dents par moment. On attend la suite de cette série qui est terminée au Japon avec onze tomes. Il nous reste alors neuf tomes pour apprécier l’évolution de Kuko et ses relations avec Outa et Sazuku qui, nous l’espérons, s’améliorons au fur et à mesure.