Depuis leur création, la guerre entre Guitar Hero et Rock Band m’a toujours fait penser à la baston FIFA / PES, à la différence près qu’il n’y a jamais vraiment eu de vainqueur tant les deux licences se ressemblaient dans les faits. Perso, j’ai toujours été de l’école Guitar Hero. Je sais pas, les tracklists me plaisaient plus d’une manière générale. Mais c’est vrai que la lassitude a commencé à me gagner, malgré un dernier opus flamboyant (Warriors of rock). Et puis un jour, plus rien. On les a perdus, tous les deux. 5 ans d’absence. Mais hop, les revoilà, en 2015, comme deux groupes qui se reforment après plusieurs années d’inactivité. Sauf que cette fois, les deux prennent des orientations opposées. Et là où Rock Band revient en mode pantouflard, Guitar Hero ose se remettre en question. Le changement, c’est maintenant. Pour le meilleur ? Difficile de parler de GH sans évoquer la crémerie d’en face, mais on va essayer de faire le focus au max sur ce qui nous intéresse ici. Fondamentalement, la mécanique de jeu reste la même : 3 lignes à l’écran sur lesquelles défilent des notes. Gratter le médiator au bon moment en appuyant sur la touche correspondant à la ligne à l’écran, et la note est jouée correctement. Le but est évidemment de n’en rater aucune pour reproduire à la perfection le morceau choisi. Un concept rodé qui dure depuis pas mal de temps. Mais nous sommes en 2015, année du retour et année de tous les changements.
Le premier intervient dès l’ouverture de la boîte, puisqu’on s’aperçoit au premier coup d’œil que notre amie de toujours, la célèbre guitare en plastique, a subi une refonte. Si le médiator est encore là (difficile de s’en passer), la disposition des boutons censés symboliser les cordes et frettes a changé. D’une seule rangée de 5 boutons, on passe à deux rangées de trois. C’est peut-être un détail pour vous, mais pour le vieux briscard de la guitare en toc que je suis, c’est tout une mécanique à ré-apprivoiser. Le joueur peu avisé pourrait croire que le jeu en devient plus facile mais c’est le contraire, je le garantis. Car ce choix introduit de nouvelles possibilités en termes de gameplay, comme les barrés ou les accords. Une prise de risques vraiment bienvenue quand on tente un come-back 5 ans après, mais qui n’est pas sans conséquences. La première, c’est que l’ancien matos que t’avais rangé à la cave, eh ben tu peux l’y laisser, puisqu’il n’est pas compatible. Faut repasser à la caisse pour s’équiper. Heureusement, le pack de base reste abordable. La deuxième, c’est que cette évolution du concept ne plaira pas aux conservateurs. C’était mieux avant, bla bla bla… Bah non, tu vas pas pouvoir épater la galerie tout de suite en scorant 5 étoiles sur le seul morceau que tu savais jouer en expert. Au pire, j’ai envie de te dire : va jouer à Rock Band, parce que lui, pour le coup, il a pas changé du tout ! Fin de la parenthèse, fin du trolling… ou pas.Passé la bonne surprise (même si tu le savais déjà parce que t’as suivi toutes les news concernant le jeu sur l’Internet moderne et que donc le reste de mon avis ne sert à rien) de la guitare, deuxième effet Kiss Cool quand tu démarres le jeu : l’aspect visuel. On passe de personnages un peu cartoon de l’époque à des séquences live avec de vrais acteurs. Je suis accueilli par un gros barbu qui me propose d’accorder ma guitare. Un petit tuto déguisé donc. Mis direct dans l’ambiance, je passe le test haut la main et là, le balèze me propose de monter sur scène. Je suis ses indications et là, grosse impression. Je me retrouve projeté on stage avec mon groupe, toujours en vidéo live vue à la première personne. L’effet est saisissant et fonctionne du feu de dieu. La foule m’adore, un peu moins quand je fais un pain (oui, la vidéo change en fonction des performances), mais comme j’en fais presque pas, elle me kiffe tout le long du morceau.
Pareil pour mon groupe. Passé le premier set de trois chansons, on arrive enfin au menu du jeu, très épuré, divisé en deux parties. Restons dans la première, le mode Live, qui est le mode carrière du jeu. Il est scindé en plusieurs petits concerts de 3, 4 ou 5 morceaux qu’on joue sur diverses scènes et avec divers groupes. Chaque scène est l’occasion d’avoir un public différent, tantôt rock, tantôt metal ou même pop. Encore une fois, la sensation d’immersion est totale, que je joue dans un festival ou dans une simple live house pour un concert privé. D’une manière générale, j’ai trouvé les morceaux proposés relativement moyens. Il y a des classiques, mais à force d’avoir essoré les standards, Freestyle games, tout comme Harmonix pour Rock Band 4, s’est retrouvé à aller choper des seconds couteaux, voire même des artistes assez surprenants pour établir son catalogue. On se retrouve donc à jouer du Rihanna ou du Eminem… Particulier pour un jeu à l’ambiance orientée rock… Tous les morceaux joués lors de ces manifestations constituent la tracklist que je qualifierais de “persistante” du jeu, puisqu’on peut les jouer soit en sets soit individuellement en mode Partie rapide, seul ou à deux, pourvu qu’on ait investi quelques euros supplémentaires pour une deuxième gratte. J’entends par “persistante” le fait qu’on puisse les jouer quand on veut et autant de fois qu’on veut, à la différence du nouveau mode introduit dans Guitar Hero Live, la bien nommée Guitar Hero TV.Le concept de cette télé interactive est super intéressant. 2 chaînes diffusent en permanence des clips, dans un délire à la MTV, avec des inserts pubs et une programmation heure par heure. On aura donc droit à l’émission rétro, l’émission metal, l’émission indé, etc. Les clips diffusés sont les véritables clips des groupes, parfois bien roots pour les morceaux les plus anciens et ça, c’est vraiment cool. Il suffit d’appuyer sur une frette pour jumper à la volée dans la chanson. La partition apparaît alors, il est temps de comparer mon skill aux autres joueurs grâce au leaderboard qui évolue au fur et à mesure de la chanson. Les résultats en fin de morceau font gagner de l’expérience qui permet de faire évoluer sa carte personnelle, donnant accès à des bonus permanents sympathiques (plus de points par note, un multiplicateur qui monte plus haut ou plus vite) mais aussi différents Star powers, sorte de pouvoirs disponibles après avoir joué correctement une série de notes et qui s’activent en levant sa guitare (ça, c’est pour faire le show, ou être ridicule, au choix) ou en appuyant sur un bouton de la guitare. On pourra donc faire disparaître quelques notes en cas de passage trop hardcore, ou bien baisser ou augmenter la difficulté pour quelques secondes, etc. La seconde chose que l’on gagne, c’est bien évidemment de l’argent virtuel, qui permettra de personnaliser sa partition, sa guitare, mais aussi acheter des jetons.
Et c’est là qu’on rentre dans la phase qui fait polémique sur le nouveau GH. Les jetons qu’on gagne permettent de jouer n’importe quel titre des 2 chaînes de la Guitar Hero TV sans avoir à attendre leur diffusion. Une sorte de VOD façon GH en somme, à laquelle on peut rajouter des concerts dits “Premium”. Le petit souci, c’est que les jetons partent très vite, et qu’en acheter d’autres coûtent pas mal de monnaie virtuelle, qui au contraire, monte assez lentement. Et en soirée, tes potos auront vite fait de dilapider les jetons que t’as eu un mal de chien à engranger. Mais t’inquiète, monsieur Activision a pensé à tout ! Sur un modèle très proche du free to play, il est possible d’acheter des packs de jetons… avec de l’argent réel ! Plusieurs “forfaits” sont proposés, et ils risquent bien d’en ruiner certains. Je comprends qu’on puisse qualifier ce concept d’arnaque, car au contraire du mode Live, les chaînes proposent des classiques et on aura vite envie de jouer ses morceaux favoris, quitte à essorer sa CB. Perso, après déjà pas mal d’heures passées sur le jeu, je suis rentré dans le trip MTV et je n’ai pas eu envie de dépenser “trop” de jetons. N’étant pas un scorer même si j’ai un petit niveau, le délire me permet de découvrir des groupes tout en jouant aussi des classiques. Et sachant que les chaînes vont être alimentées régulièrement avec de nouveaux titres, je ne me sens pas trop pris pour une vache à lait. D’autant que rien ne dit que ce concept n’est pas amené à évoluer…
Entre les deux nouvelles façons d’aborder Guitar Hero et le renouvellement de jouabilité proposés, une chose est certaine : je reste fidèle à cette licence. C’est dur, car il faut pratiquer pour récupérer un niveau, mais je m’y suis fait assez vite, et je me surprends à enchaîner les barrés et les accords assez naturellement. En revanche, quand j’enchaîne les pains et que je vois mon nom dégringoler dans le leaderboard à la mesure que le morceau avance, la rage du Saïyen monte en moi ! Impossible de donner un gagnant entre les rivaux, cette année. Tu pourras préférer la zone de confort de Rock Band 4, qui en plus, permet d’utiliser ses anciens instruments (PS3 vers PS4 et 360 vers One) mais si t’as des balls et que t’aimes te remettre en question, va voir l’ami Guitar Hero Live, et tu seras pas déçu, loin de là. Dans tous les cas, les soirées multi sont assurées. Rock on!