Annoncé en grandes pompes lors de la présentation de la PS4 le 20 février 2013, DriveClub était attendu, peut-être trop, du fait de son statut d’exclusivité. Evolution Studios qui appartient à Sony est responsable de la série Motorstorm sur PS3, trois jeu de courses arcade, dépaysants, originaux et survoltés. Cette licence a marqué la génération précédente et représente à mon sens la quintessence du jeu de caisse amusant et exigeant.
A titre personnel, comme beaucoup je pense, j’attendais avec une certaine impatience leur nouvelle licence DriveClub qui au premier abord il faut bien l’avouer sonnait comme un retour à quelque chose de plus conventionnel, de moins marqué et de moins fou que Motorstorm. L’originalité de leur nouveau titre reposant sur un concept « social » qui pousse les joueurs à la compétitivité, le tout étant de voir comment cela allait s’intégrer au gameplay.
DriveClub s’appuie sur ses interactions sociales avec pour commencer le besoin de créer son propre club (avec personnalisation des véhicules d’ordre visuel histoire de différencier les clubs) ou d’en rejoindre un au choix. Il est nécessaire de s’attarder sur la multitudes de défis envoyés par la communauté pour tenter d’accéder à la première place et faire progresser son club, surtout lorsqu’il s’agit de club d’amis où la rivalité est susceptible d’être à son comble.
Prévu pour sortir au lancement de la PS4, le jeu a été repoussé de presque un an, ce qui a permis aux développeurs de peaufiner le titre en ce qui concerne son système de jeu, mais c’est surtout la partie graphique qui a retenu l’attention des joueurs.
On pouvait voir sur les forums de multiples GIFS mettant en avant les effets de lumières et la modélisation des véhicules ainsi que les environnements de jeu fourmillant de détails. Le jeu étant de toute beauté, a commencé à susciter une impatience croissante, ce qui généralement en fait un jeu attendu au tournant surtout dans un contexte aussi puéril de « guerre des consoles » sur les différents forums de sites de jeux vidéos. Il n’en fallait pas plus pour en faire une cible de choix pour les innombrables trolls pullulant sur l’internet.
Le moindre écart, le moindre défaut, tout serait amplifié pour alimenter les possesseurs de la console « adverse » en munitions pour détruire l’exclusivité de Sony qui se trouve confrontée à Forza Horizon 2, alors même que les deux jeux n’ont absolument pas la même philosophie, ni le même gameplay et encore moins la même ambiance. DriveClub étant un jeu de courses « arcade » en circuits fermés, avec des fonctionnalités sociales se traduisant par des défis divers pendant les courses sur des portions de routes, ajoutant une dimension supplémentaire et une tension qui rend le tout plus excitant. Tel est le pari d’Evolution Studios.
Quand à Forza Horizon 2, c’est un jeu de courses « arcade » en monde ouvert où l’on choisit plus ou moins l’ordre de sa progression au fil de nos ballades champêtres dans le sud de la France et dans le nord de l’Italie, on peut même rouler à 200 kmh dans des champs de blé pour couper les routes, certains trouveront ça « fun », d’autres pas.
Pour ma part j’ai clairement une préférence pour DriveClub, ce qui n’induit pas qu’elle se fait au détriment de FH2, c’est juste que je retrouve avec le jeu d’Evolution des sensations héritées d’un croisement entre le gameplay des jeux de courses issues de l’arcade et celui plus précis d’un MSR ou Project Gotham avec un soupçon de drift à la Sega Rally ou Ridge Racer.
C’est précisément ce mélange qui en fait le jeu de caisses à la conduite la plus cool depuis longtemps, arcade et exigeante à la fois, les voitures se contrôlent parfaitement et les pénalités, en cas de coupures sur les bordures ou en cas de passages en force, obligent le joueur à bien jouer et à ne pas être trop brutal au risque de subir un handicap ralentissant l’accélération du véhicule.
Le fait de devoir « bien conduire » rapporte des points de style et motive le pilote à assurer.
En ajoutant à cela l’immersion en vue cockpit (sans HUD), la sensation de vitesse, en particulier pour la vue au raz du sol, les vibrations dans l’habitacle quand le véhicule roule à pleine vitesse, le ressenti de la moindre petite bosse sur les routes (retranscrit par les vibrations de la manette), les pertes d’adhérence et le fait que l’on arrive à rectifier la trajectoire in-extremis nous donne le sentiment de contrôle total sur le véhicule. Les tracés sont jouissifs et on se plait à les étudier pour maximiser ses trajectoires.
La difficulté est progressive et le jeu se corse après le premier tiers, les adversaires sont assez agressifs (un comportement hérité de Motorstorm j’imagine !) et ils obstruent la piste en occupant systématiquement la trajectoire idéale, ne la quittant que pour doubler ou lors de quelques rares accidents. Leurs comportements est très arcade pour le coup, avec un soupçon de Mario Kart dans leurs remontées vertigineuses en ligne droite. En gros le jeu est conçu pour que l’on soit constamment sous pression et au coude à coude. C’est aussi ce qui donne ce sentiment de pression stimulant que l’on ressent tout au long des parcours.
Les graphismes sont somptueux, les décors sont très détaillées et variés sur la même course, on a pas l’impression de voir le décor se répéter en boucle avec des détails répliqués à l’infini. Le jeu dépayse clairement et c’est agréable. Les courses se déroulent tout autour du monde: Chili, Ecosse, Norvège, Inde et Canada.
Le cycle jour/nuit est scandaleusement réussi et il influe sur la visibilité en course.
Les effets de lumière et le fait que la luminosité varie en temps réel, selon les moments de la journée renforce le côté photo-réaliste du jeu. La gamme colorimétrique est réaliste, c’est à dire que les couleurs ne sont pas sur-saturées de manière artificielle et elles varient en fonction du ciel et du temps (couvert, ensoleillé, nocturne etc…). Il faut noter que le jeu prend en compte la gestion des nuages (en 3D) qui se déplacent au gré du vent, laissant apparaître des éclaircies ou chargeant le ciel réduisant ainsi la luminosité et la saturation.
Ce qui renforce l’immersion et nous fait parfois oublier que l’on joue sur un écran, tant on arrive à se projeter dans la course et ressentir un sentiment de « réalisme » magnifié par une vue « cockpit » tremblante selon les mouvements du véhicule et dont les effets de reflets sur le pare-brise nous plonge littéralement dans la course avec en prime le côté plaisant d’une conduite exigeante mais « fun ».
Pour terminer en ce qui concerne l’aspect technique du titre, il y a une multitude de détails plutôt discrets qui témoignent du soin apporté par le studio, comme les effets de particules au détour d’un virage, les flopées d’oiseaux traversant notre champ de vision, les feux d’artifices dont la luminosité est prise en compte sur l’éclairage global, les effets d’ombres dynamiques, les contre-jours, les reflets sur la carrosserie, le vent qui influe sur la végétation, la fumée colorée et les drapeaux en bordure de route, le public qui a droit aussi a ses ombres en fonction du soleil etc…
Le framerate du jeu est très solide, tournant à 30 FPS stables sans ralentissements notables, le tout affiché en 1080P.
En ce qui concerne la musique, je suis très fan de musique électronique anglaise donc c’est parfait pour moi, à la fois planant et entrainant. Pas de rock adolescent, ni de rap « de mauvais goût » hurlant « leurs beauferies » en violant nos oreilles (je tiens à préciser que j’aime ces genres musicaux en partie mais pas leurs penchants « vulgairement commerciaux »). Le son des moteurs est très bien restitué, rien à dire de ce côté là.
De plus je ne peux que valider le fait qu’il n’y ait pas de « crétin » qui nous parle et nous « guide » comme dans bon nombre de jeu, c’est agréable de ne pas avoir de commentateur à la voix ringarde pour ado pré-pubère fan de Fast & Furious.
Pour conclure, je retiendrais surtout que le jeu procure un feeling grisant de vitesse et de tension et c’est bien ça le plus important, en plus d’alimenter la compétition entre les joueurs et d’offrir un dépaysement total sans rentrer dans l’ostentatoire.
PS: Cependant j’ai hâte ou tout du moins j’espère qu’Evolution studio donnera une suite à Motorstorm.