Tsutsui Testsuya reviens chez son éditeur frenchy favori Ki-oon pour pousser un grand coup de gueule, et qui est en rapport direct avec la triste actualité française de ces derniers mois, la liberté d’expression.
Synopsis: Plongée dans une atmosphère tendue, gangrénée peu à peu par la censure, la ville de Tokyo se prépare à accueillir les Jeux Olympiques de 2020. Au milieu de ce contexte difficile qui n’épargne pas le manga, un jeune auteur voit son titre retiré de la vente…Tokyo, 2019. À mois d’un an de l’ouverture des Jeux Olympiques, le Japon est bien décidé à faire place nette avant de recevoir les athlètes du monde entier. Une vague de puritanisme exacerbé s’abat dans tout le pays, cristallisée par la multiplication de mouvements autoproclamés de vigilance citoyenne. Littérature, cinéma, jeu vidéo, bande dessinée : aucun mode d’expression n’est épargné.
C’est dans ce climat suffocant que Mikio Hibino, jeune auteur de 32 ans, se lance un peu naïvement dans la publication d’un manga d’horreur ultra réaliste, Dark Walker. Une démarche aux conséquences funestes qui va précipiter l’auteur et son éditeur dans l’oeil du cyclone…
Très éloigné des œuvres connu du mangaka (Duds Hunt, Reset, Prophecy, Manhole) Poison City dénonce l’acharnement que subi l’auteur depuis la sortie de son manga Manhole. En effet, en 2013 Tetsuya Tsutsui a découvert que son manga Manhole était censuré dans le département de Nagasaki au Japon et cela sans même le prévenir, ni lui ni son éditeur. Il dénonce assez subtilement la censure qu’il a subi mais pas que car il permet également de découvrir l’envers du décor du métier de mangaka. Les difficultés à joindre les deux bouts, à être publié et surtout la somme de travail à abattre pour enfin réussir à en vivre, un vrai parcours du combattant. Le tout pour qu’au final, on censure une œuvre aussi facilement qu’un coup de tampon. Assez paradoxale d’ailleurs, quand on connait les mangas bordel-line qui arrivent jusqu’à chez nous…
Jamais dans le ton moralisateur, Tsutui propose une lecture agréable, plaisante et pas du tout ennuyeuse malgré le sujet qui reste rude. Le fait d’apporter des pages du scénario projet censuré dans l’intrigue, comme un fil conducteur, fait que l’on reste rivé sur l’histoire principale en espérant en apprendre plus sur la fiction…Peut être le futur projet de Tetsuo Tsutsui. Graphiquement on est rarement déçu avec Tsutui, tellement qu’on commence a reconnaitre son trait. Les personnages sont assez bien détaillés ce que peut l’on peut pas toujours dire des décors qui reste souvent trop épurés.
Poison City est une pause dans la carrière de l’auteur, une pause qui permet de remettre les pendules à l’heure avec les institutions japonaises et de cogner dur sur la censure japonaise. Disponible en deux formats, un format manga classique et un format BD traditionnelle, qui permettra aux intégristes de la bd francobelge de découvrir un peu plus sur son frère japonais.
Poison City Tome 1 est disponible chez Ki-oon éditions