Auteurs : Michio Yazu (Scénario), Keito Aida (Dessin)
Genre: Seinen
Editeur: Tonkam
Synopsis : Deux femmes, quatre hommes et une jeune adolescente se réveillent dans une école en ruine totalement close. Autour d’eux ? Un écran affiichant un compte à rebours de 7 jours, des caméras, de l’eau, une marmite et un hachoir. Seront-ils libérés au bout des 7 jours, ou devra-t-il n’en rester qu’un pour que tout s’arrête ?! Coup d’envoi d’un survival game cauchemardesque !
À la lecture du synopsis, comme une impression de déjà-vu en bouche… Depuis quelques années les survival ont plutôt la côte peut-être ravivés par le succès de Hunger Games au box-office mondial. Des scénarios se ressemblant pour la plupart, souvent plus gores ou trash les uns que les autres, l’escalade de la violence étant une façon de se différencier des autres oeuvres pour espérer percer.
C’est donc fort (faible ?) de tous ces préjugés en tête que je me suis mis à lire Killer Instinct. Bon. Déjà, au bout des deux premières pages, je me retrouve largué. Reiji Sugiura, le personnage principal, appelle en vain des gens plus ou moins proches pour avoir des nouvelles de Mari dont… on ne sait rien ! Quelqu’un sonne, pris d’excitation, pensant que c’est l’objet de sa quête qui l’attend sur le pas de la porte, le jeune homme se précipite et… black-out.
Le héros, qu’on devine étudiant à travers les conversations téléphoniques qu’il avait eues quelques cases avant, se retrouve au milieu d’une grande
pièce avec 6 autres personnes qu’il n’a jamais vu. Toute personne sensée se retrouverait désorientée, perdue dans ce genre de situation et l’on comprend alors le choix des auteurs de nous balancer directement la vie de
Reiji avant de l’y arracher à peine 2 pages plus loin. La coupure est sèche, brutale. De la même façon que les 7 personnes qui se retrouvent dans cette école en ruine, je viens moi aussi de me faire kidnapper.
L’écriture est plutôt intelligente et le chara-design est plutôt agréable.Le scénario ne brille pas par son originalité mais plutôt par la part belle qu’il donne à la dimension psychologique des personnages et la place qu’il laisse aux monologues internes de Reiji. Déjà, comme dans tout survival qui se respecte, il faut des personnages aux caractéristiques différentes, au mental différent. On a dans l’ordre de leur présentation au groupe Yukitoshi Isaka, 28 ans, simple col blanc, de nature posée et calme qui va devenir rapidement (trop ?) le leader du groupe; Toshio Nakanouchi, 22 ans, ouvrier dans une usine, figure typique du voyou au sale caractère, plutôt grand et baraqué; Akane, 21 ans, Escort girl, très belle, débrouillarde qui ne compte que sur elle-même, aussi hot à l’extérieur qu’elle n’est froide et calculatrice à l’intérieur; Taichi Nogisaki, 24 ans, hikikomori, qui nous mettra très vite mal à l’aise (pas envie de spoil mais vous verrez pourquoi…); Yumi Akiyama, 21 ans, étudiante à la fac, de nature réservée, Reiji donc, 20 ans, à la fac aussi, timide et un brin froussard et enfin Michika, 9 ans dont… on sait absolument rien.Les 7 protagonistes sont piégées donc sur 3 étages, aucun moyen de se nourrir si ce n’est boire de l’eau. C’est là que le vrai jeu commence et où le talent d’écriture fait son oeuvre. Les soupçons, la désignation du mouton noir qui se mettra à l’écart avant de commettre l’irréparable. Plus que la succession d’événements et la psychose qui ronge les personnages et le lecteur, c’est l’évolution psychologique de certains et surtout le questionnement que les actions soulèvent ? Quelle est la frontière entre crime et justice ? Comment peut-on passer de personne propre sur soi à dérangé mental ? Quel genre d’impact peut avoir un traumatisme sur la victime concernée mais aussi sur tout le groupe ? La violence doit elle amener la violence ? Et j’en passe…
Un manga dont j’attend avec impatience le tome 2, la fin me donnant envie d’en savoir plus sur la suite. Aurais-je les réponses à mes questions ? Quelle va être l’attitude du groupe vis à vis de tout ce qui s’est passé ? Et surtout, est-ce qu’après un viol et un meurtre en 24h(oups, spoil), les habitants de la maison des secrets (oups, mauvaise référence) vont-ils un à un devenir des rebuts de la société ? Vu qu’on assiste aux premières loges à des changements aussi violents dans la nature de personnes somme toute normales, y-a-t’il un risque pour je devienne moi aussi un détraqué ?
Bon ok, je vais trop loin ! À très vite, pour la suite !