Promu, annoncé, valorisé, la sortie du dernier titre des studios Remedy réserve donc légitimement sont petit lot de buzz et de sensations. Quantum Break est donc enfin sorti de sa capsule temporelle. Votre patience va-t-elle être récompensée ?
Quéquecé Quantuma Est ?
La narration et le scénario représentant une part très importante de l’intérêt du jeu, nous essaierons ici de vous en dévoiler le moins possible. Et nous vous invitons à fuir les possibles spoils de la toile, sous peine de clairement réduire la qualité de l’expérience.
Quantum Break est un jeu d’aventure et d’action à la 3ème personne. Son déroulement tourne essentiellement autour de la thématique du temps. Chronologique hein, pas météorologique. Nous n’aurions pas été contre un revival d’Alain Gillot-Pétré, mais ce sera pour une autre fois. L’histoire en soi constitue une très bonne surprise, malgré quelques ficelles. Elle est bien construite, réussit à agréablement renouveler le thème pourtant déjà largement traité des mécanismes temporels, et se paye même le luxe d’éviter les caricatures manichéennes. Le tout dans un environnement urbain et moderne, et sans tomber dans la surenchère scénaristique. Bref, rien à redire à ce niveau. Si ce n’est vous prévenir que le titre contient tout de même son lot de maturité, d’émotions et de violence le destinant à ne pas être mis entre les plus jeunes mains.
Pendant la quasi-totalité de l’aventure, donc, vous serez amené à endosser le rôle de Jack Joyce. Dont on sait finalement assez peu de choses, si ce n’est qu’il se retrouve embarqué dans diverses expériences temporelles aux côtés de son frère Will et de son ami Paul Serene. Ce dernier étant, comme vous l’aurez peut-être déjà deviné, plutôt attiré par le côté obscure de la quantique. Après une première expérience ayant mal tourné, donc, Jack ne va ainsi pas être uniquement amené à voyager à travers le temps mais aussi à acquérir certains pouvoirs associés. La mise en scène de cette première séquence est d’ailleurs aussi impressionnante que réussie, et sera très susceptible de vous scotcher dès le début de l’histoire. De nombreux autres personnages, du second couteau de figuration à l’alliée plus touchante, viendront agrémenter la suite l’aventure.
Calendaire, et multimédia
Le titre est découpé en 5 épisodes. Lesquels contiennent des séquences d’action (le plus souvent), d’autres phases de jeu plus calme de type puzzle (parfois), ainsi que des scènes dites de « jonction » et enfin des séquences vidéos d’une vingtaine de minutes dignes d’une série Netflix.Ainsi décrit, l’ensemble peut probablement sembler un peu brouillon. Mais le tout s’enchaîne finalement assez bien, offrant ainsi au joueur une expérience complète de bon goût voire un certain réalisme (les personnages du jeu étant modélisés à partir des vrais acteurs présents au sein des vidéos). Dans le même esprit, votre parcours sera jonché de nombreux objets dits narratifs, dispersés ça-et-là et vous incitant à l’exploration. Participant indiscutablement à l’immersion sur le fond, nous regretterons juste que ces objets prennent souvent une forme statique (emails, notes, affiches…) au détriment d’éléments dynamiques (vidéos, bandes sonores…) nettement plus motivants.Revenons rapidement sur les scènes de jonction, présentes à la fin de presque tous les épisodes.Lors de celles-ci, vous n’incarnez plus Jack Joyce mais Paul Serene. Et vous devez choisir entre 2 options généralement opposées pour la suite du scénario, telles que choisir de faire confiance à un proche plutôt qu’à un autre, ou encore opter pour la manière douce plutôt que la manière forte. L’impact de ce choix va donc conditionner la suite de l’histoire. Et concrètement le contenu de quelques éléments d’ambiance et des vidéos, ainsi que quelques scènes de jeu et éléments narratifs. Mais dans l’ensemble, pas de révolution de la trame principale ni de l’évolution du héros au programme. La présence de ces choix apporte malgré tout un plus sympathique et permettent à nouveau de se projeter un peu plus dans le déroulement de l’histoire. Laquelle vous tiendra d’ailleurs en haleine sur une petite quinzaine d’heures. Auxquelles on peut ajouter une replay value intéressante (afin d’explorer toutes les combinaisons scénaristiques), mais clairement pas démentielle non plus.
La jouabilité de son époque
Le jeu en tant que tel se déroule finalement à la manière d’un titre d’aventure-action assez classique. Les phases d’exploration s’enchaînent avec des scènes de gunfight plutôt bien fournies en adversaires. Au départ très simples notamment grâce aux pouvoirs efficaces de Jack, les dites scènes se corsent à partir du milieu du jeu en incluant certains ennemis insensibles à ces pouvoirs ou dotés de capacités similaires. Rien d’insurmontable toutefois, les réelles difficultés n’apparaissant que sur la toute fin du titre, et ayant ainsi la bonne idée de prioriser la fluidité de la narration. Comme évoqué, les pouvoirs de Jack sont tous directement liés à la notion de manipulation du temps. Si certains sont finalement prétextes à des mécaniques de jeu classiques (détection d’ennemi, bouclier), d’autres se révèlent plus intéressants et surtout plus funs (ralentissement du temps, course et action accélérées de type bullet-time).Ces capacités peuvent également être améliorées grâces à des « chronons », sorte de particules temporelles réparties ça-et-là sur l’ère du jeu. La plupart des chronons sont assez faciles à trouver, quand ils ne se situent pas carrément au milieu du trajet principal du jeu. Mais là encore, ces choix dans l’évolution progressive ces pouvoirs (lequel booster avant un autre ?) et le fait que ces derniers disposent de temps de recharge individuels (invitant donc le joueur à les combiner dans le feu de l’action et in fine à varier les plaisirs) donne un résultat finalement classique mais réussi.
Vite fait… Bien fait ?
A sujet de la réalisation visuelle, ça se gâte un peu. Rien de grave, pas de panique. La mise en scène et l’ambiance sont même excellentes. La modélisation des personnages est réussie. Les scènes d’action contiennent de nombreux effets spéciaux liés aux pouvoirs temporels, et sont garantes d’un dynamisme permanent. A ce niveau, les paternités (flatteuse) de Max Payne et Alan Wake sont d’ailleurs évidentes.Mais… Mais… l’ensemble n’offre toutefois rien de révolutionnaire et reste même souvent un cran en-dessous des standards actuels. Avec certaines textures et autres zooms franchement parfois bien sales, ou encore de régulières saccades dans les cut scénes. Côté sonore par contre, c’est l’orgie. Les doublages sont convaincants. L’atmosphère, des bruitages environnementaux aux musiques d’ascenseur, est très immersive. Mais surtout, les musiques sont de grande qualité et toujours en lien avec la scène en cours. Les amateurs de Blade Runner ou de morceaux pop-rock devraient être aux anges. Une vraie réussite, et la disponibilité de la bande-son en ligne quelques jours avant la sortie officielle du jeu n’est sûrement pas un hasard. Nos oreilles en frémissent encore.
La fin des temps
Alors, qu’en conclure ? Quantum Break n’est ni un jeu d’action frénétique, ni la prouesse technique de l’année. Et pour autant, la qualité de la narration est de haute volée, et nous ne pouvons nous empêcher de reconnaître à l’ensemble un capital sympathie assez énorme. En tout cas malgré les quelques défauts susnommés, nous ne nous sommes pas ennuyés une seconde, et n’est-ce-pas là le plus important ?
Lancé dans un exercice à l’équilibre périlleux, au déroulé à mi-chemin entre Last of Us et Until Dawn, Quantum Break réussit son pari et fera probablement date chez les amateurs du genre. A condition de savoir ce que vous achetez et de ne pas bouder son plaisir, il constitue sûrement ce que nous avons vu de mieux dans le genre depuis un moment. Et nous ne pouvons donc que logiquement vous le recommander.
Quantum Break est une exclusivité Xbox One et sortira le 5 Avril 2016.