- Auteur : Shiraishi Jun
- Genre : Aventure, Fantastique
- Editeur : Komikku
Synopsis: L’univers de Dodoma prend forme dans un lieu uniquement composé de pierres portant le nom d’Orbis, un monde qui se veut clôt et restreint. C’est dans ce monde que l’on retrouvera Mana et Shino, deux frères au tempérament en total opposé, mais avec une complicité très forte entre l’un et l’autre. Alors lorsqu’un séisme fait soudainement son apparition, les deux frères savent qu’un événement tragique est à prévoir.
Dodoma arrive chez nous grâce aux éditions Komikku, et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il y a beaucoup de choses à dire sur ce premier tome. En premier point, l’univers du manga semble se construire autour d’une civilisation encore peu développée, le territoire ou ils vivent étant assez fermé, cela explique en partie le manque de technologie auquel on assiste. Cependant, lorsque l’on découvre ce que sont les Dodoma, c’est-à-dire des géants de pierre qu’il est possible de piloter, on peut remettre en doute le manque de culture de la population d’Orbis, sont-ils les seuls à ne pas avoir évoluer ? Y a-t-il d’autres villages avec une culture poussée un cran au-dessus ? Seul les tomes suivants pourront nous indiquer la ligne directrice du manga.
Pour en revenir au Dodoma qui sont d’immenses forteresses composées de roches et d’œils de verres, on peut y voir un sensible rapprochement avec la trame scénaristique de Gurren Lagann. En effet, c’est Shino qui va découvrir contre son gré qu’il est possible de piloter cet engin, toujours dans ce contexte d’un monde dépourvu de civilisation. Ce n’est pas sans rappeler un certain Simon découvrant son méca pour la première fois, mais là encore les deux œuvres se distinguent de par l’ambiance se dégageant de leurs univers. Si Gurren Lagann se veut plus déjanter et porter sur l’humour, le son de cloche est clairement d’un autre niveau pour Dodoma. C’est un style plus terre-à-terre qui sort de ce premier tome, et cela dès les premières phrases du manga lorsque Mana explique qu’il « a tué un Dieu » pour prendre la défense de son frère. Par la suite, on apprend aussi qu’une cérémonie funéraire a eu lieu pour l’un des anciens du village, on découvre alors que l’espérance de vie des habitants tourne autour de 50 ans. Un élément de narration important qui explique que la mort est un facteur qui arrive assez vite dans cette population, et qu’il n’est pas chose rare de voir quelqu’un disparaître sous ses yeux, de quoi donner un goût de réalisme plus fort à ce manga.
Au-delà de la narration et de la trame scénaristique à laquelle il est possible d’assister, c’est surtout par le dessin que l’auteur met en place tout les éléments nécessaires à la compréhension de l’intrigue. Le style de Shiraishi Jun joue sur une forte utilisation du blanc dans ses cases, la couleur noir ne servant qu’à rajouter un petit peu de relief au décor donnant un rendu final très épuré allant de pair avec le mode de vie simple des habitants. Pour le design des personnages, on retrouve des visages ronds pour les enfants, mais plus affinés pour les adultes, de quoi permettre une distinction direct et éviter la redondance d’un personnage à un autre. Un trait de dessin de l’auteur qui est assez unique et plaisant à contempler, ce dernier permet de tirer le maximum de l’ambiance dont on a parlé plus au-dessus, afin d’interpeller au mieux le lecteur. Pour en revenir à la narration, lors des premiers événements le lecteur se retrouve en pleine confusion en ne comprenant rien à la situation, cependant c’est un mal pour un bien puisqu’il permet de s’identifier plus facilement au contexte de panique auquel les personnages sont soumis. Et ce n’est pas quelque chose de préjudiciable dans la lecture du volume étant donné que les éléments de compréhension arrive petit à petit au fil de l’intrigue.
Au final, c’est un très bon premier tome de Dodoma auquel on assiste. L’intrigue est mystérieuse et totale, les deux frères sont attachants par leur fraternité très présente, et le manque d’information attise la curiosité pour se lancer dans la lecture d’un second tome. A n’en pas douter que Dodoma ne nous a pas encore livré son meilleur contenu, ce qui est de bonne augure pour la suite.