Ces dernières années, il y a une volonté de faire du nouveau en piochant dans le passé, tout en restant dans la nostalgie de la pop culture. En témoignent au cinéma avec les récents (mais plus trop) Jurassic World et Star Wars 7. Cependant on ressent un manque à chaque visionnage, pour ma part c’est un manque de fraîcheur. Pourtant, cet été j’ai découvert une série, qui tire sa force de la nostalgie, elle renaît de ses cendres et vous en met plein la vue : Stranger Things.
La série disponible depuis mi-Juillet 2016, nous plonge dans le comté d’Hawkins, en Indiana, dans l’Amérique des années 1983. Une bande de jeunes garçons fans de fantaisies, de sciences, et de SF, vont se lancer dans une aventureuse enquête pour retrouver leur ami, Will Byers, mystérieusement disparu. Ils vont faire la rencontre d’une jeune fille qui semble fuir un danger, cette jeune fille au crâne rasé se nomme « Elven », tout en montrant un tatouage marqué du numéro 11 sur son poignet. Le groupe va s’allier à ce curieux personnage en découvrant des indices sur sa réelle identité, elle sera la réponse aux mystérieux et inquiétants événements que connait le comté depuis la disparition de Will Byers…
La série nous dévoile une histoire intéressante, on prend bien le temps de planter le décor et les enjeux, les personnages qui vont faire progresser l’intrigue et l’enquête sont introduits de manière intelligente avec des flashbacks courts et efficaces qui interviennent au bon moment lors du récit, et cela renforce la cohérence de l’univers. Je me suis vraiment plongé dans le comté de Hawkins, et de ces personnages qui sont vraiment kifant, dédicace au Shérif le plus cool : Hooper, et à Dustin notre petit gros validé à 100%. Les personnages sont à la fois très stéréotypes de l’image qu’on a de l’époque, c’est-à-dire la famille modèle avec le papa qui apporte les sous, la maman qui cuisine, la fille qui passe son temps au tel etc… Cependant, ces stéréotypes disparaissent progressivement en gagnant de l’épaisseur et de l’intérêt. Ainsi Hooper passe du mec un peu « je m’en bats les couilles », et assez marrant, à un personnage plus complet avec un vécu assez dur. Durant mon visionnage j’ai vu des personnages croire à l’incroyable, devenir fous, être émerveillé par le surnaturel, prendre du recul malgré qu’ils étaient au « Top ». Et tout ceci m’a semblé naturel, sans trop de facilités ou contradictions, permettant ainsi de voir des personnages qui font leur autocritique, tout en dégageant une aura d’authenticité, et évoluant de manière logique et cohérente.
Les musiques sont… Comment vous dire ? C’est tout simplement troublant et époustouflant, et le thème principal possède des sonorités qui me rappellent celles que j’ai déjà pu entendre dans Tron Legacy. Les musiques couplées à la réalisation (je reviendrais plus tard sur celle-ci) rendent le tout très immersif, elles nous plongent dans une époque, un pays, un univers sans aucun soucis d’adptation. Que ce soit les musiques d’ambiances ou les chansons d’époques, je pense surtout au morceau de The Clash – Should I Stay or Should I Go, aucune d’entre elles n’ont été négligées et viennent sans difficulté nous intégrer à l’histoire. Encore une fois, cela renforce l’authenticité de ce que j’ai visionné à ce moment précis. Tout à l’heure je vous parlais de nostalgie, et celle-ci se manifeste par le mélange, le Melting Pot. Il y en a pour tous les goûts, les aventures enfantines que l’on aimait suivre, tout comme les Goonies, de la bonne Science-fiction d’époque avec des laboratoires louches qui font des expériences tout aussi louches. De la Fantaisie avec les références et les clins d’œil à ce qui a porté l’heroic fantasy à son paroxysme, parmi lesquelles Donjons et Dragons, et celui que l’on ne présente plus : Le Seigneur des anneaux de J.R.R. Tolkien. Il y a une part de surnaturelle et de film d’horreur/slasher, avec une entité peu rassurante qui rode aux alentours de la ville.. On retrouve aussi un petit côté espionnage/guerre froide, l’époque « by the way », la science doit servir à combattre les vilains Russes pas gentils. Ça ne vous suffit pas ? Il y a une touche « lycée années 80 », avec le même côté tranche-de-vie des jeunes personnages qui sont agréables à suivre, on pourrait penser à tord que c’est du remplissage, mais ça permet de construire des relations et des rapports de force entre les personnages. Et il y a encore beaucoup de références à l’univers geek et à celui de la pop culture tel que nous la connaissons aujourd’hui. The Lord of the Rings, Star Wars, Half-Life, Donjons Et Dragons, Alien, Silent Hill, Les Goonies, pour ne pas tous les citer car la suite est vraiment longue, mais dans cette première saison c’est surtout E.T l’extraterrestre qui se démarque en terme de références.
Mais que serait une bonne série, sans le soin mit à la réalisation ? Il n’y a rien qui soit laissé au hasard, chaque plan sert l’intrigue ou l’ambiance de l’œuvre, que ce soit pour intensifier l’action, rendre les scènes poétiques, ou même symboliques, et surtout pour nous transporter dans une autre dimension. On sent bien que Matt et Ross Duffer on mit l’accent sur cette réalisation, et beaucoup d’efforts pour que cette série transpire l’authenticité. Mais le plus gros atout de l’œuvre est bien évidement notre groupe de héros composé de la jeune Eleven mais surtout Mike, et Lucas Dustin, la bande d’amis de notre Will porté disparu. Pourquoi ai-je cité Eleven en première ? Tout d’abord parce que le jeu de Millie Bobby Brown est vraiment bluffant, elle nous plonge dans le mystère, le questionnement entre crainte et fascination. Elle est décalée par rapport au cadre de la ville d’Hawkins, elle n’est pas dans son élément et semble fermée, ainsi la voir s’ouvrir peu à peu à nous autres spectateurs, surtout à Mike, nous donne presque l’envie de la protéger.
Puis vient la bande de pote. Une bande ou tout le monde à son importance, même Dustin, surtout Dustin. Au début, on croit que ce dernier se limite au comic relief dans la série, en effet il participe grandement à l’humour dans l’œuvre, mais il fait avancer l’intrigue et joue plusieurs fois le bon rôle. Mike est un gamin qui découvre le monde, parfois avec fascination, parfois avec crainte, et dans la bande, c’est probablement celui à qui je me suis le plus identifié, il n’en demeure pas moins un atout nécessaire et sait faire preuve de courage. Lucas est la partie terre-à-terre du groupe, c’est lui qui à chaque fois essaie d’être logique ou de faire redescendre le groupe sur terre, non pas par peur, mais parce qu’il a la tête sur les épaules et de fil-en-aiguille et découvertes, sa force de caractère, et celle de ses convictions amèneront nos personnages à avancer. Ce que j’ai adoré avec ce groupe, c’est que ce sont les gars de notre « génération ». Je le concède, c’est assez flou et large comme définition, je n’ai pas connu directement cette période (1980-1990) mais mes grands frères se sont chargés de transmettre cet esprit. Des gamins curieux, qui aiment les œuvres de l’actuelle pop culture, on s’identifie dans leurs comportements, leurs attitudes, leurs habitudes, leurs passions et centres d’intérêt. Mais la principale qualité de ce petit groupe est qu’il ne juge rien comme étant tout blanc ou tout noir, ils rient, se font la gueule, se crient dessus, ont peur, se serrent les coudes, l’alchimie est bel et bien présente, et encore une fois cela renforce l’authenticité de la série.
Depuis la mode de sortir dès truc à l’ancienne c’est la première œuvre qui ne nous prend pas pour des cons. Ça connait nos références, et ça te fait des clins d’œil discrets, pas trop gros pour ne pas te crever l’œil non plus. Cependant, le reproche que je ferai à cette première saison se trouve dans certains éléments qui sont trop prévisibles à partir du moment ou l’on est un tantinet attentif. La conclusion est aussi trop expédiée et manque d’informations, on ne se sait pas ce que certains personnages sont devenus et on reste sur notre faim avec un cliffhanger de taille. Je pense que Netflix ou les créateurs ont coupés l’histoire à ce moment-là pour se laisser une longueur d’avance pour la prochaine saison.
Bref, j’ai été conquis par cette première saison, c’est à la fois prenant, attachant, immersif, et surtout soigné, et c’est avec beaucoup d’attentes que j’attend la suite de cette série.