Pour la sortie de Danganronpa V3 : Killing Harmony, nous avons eu la chance de pouvoir rencontre le créateur et papa de la saga, Kodaka Kazutaka. Invité jeu vidéo à la Japan Expo 2017, il a accepté de s’entretenir avec l’équipe des Illuminati et nous révéler les secrets du succès de cette série qui fait tant parler d’elle.
Danganronpa est un jeu très populaire au Japon mais en Occident, notamment en France, il reste plutôt discret. Pour dire, nous n’avions accès qu’aux sous-titres anglais jusqu’au dernier jeu, Danganronpa V3 où les sous-titres français sont enfin disponibles. Vous attendiez-vous à un tel succès en Occident, surtout en France ?
Danganronpa est un jeu qui, comme vous le savez, se situe au lycée avec des japonais, c’est donc une atmosphère très très japonaise et on ne s’attendait absolument pas à ce que le jeu fonctionne à l’étranger, encore moins en France. Avant de créer danganronpa, je ne connaissais pas tout ce qui est en dehors du Japon, je n’avais jamais quitté le Japon car je n’aime pas vraiment prendre l’avion, c’est la première fois que je viens en France et je ne m’attendais pas à ce que le jeu marche à l’étranger, l’étranger était vraiment un mystère pour moi. Aujourd’hui on a fait une séance de dédicaces, je m’attendais à voir trois ou quatre personnes, mais tous les tickets se sont vendus et il y avait plus de soixante personnes!
Le jeu a pu connaître un plus grand public grâce aux différentes adaptations animées. Quel rôle y avez-vous joué ?
Il y a eu deux anime. Pour le premier, j’ai principalement effectué un travail de correction sur le scénario , pour le dernier comme il s’agissait d’un scénario original, je me suis plus concentré sur des vérifications beaucoup plus précises.
En parlant d’animes, Danganronpa 3 : Ji Endo obu Kibōgamine Gakuen nous raconte des histoires qui ne sont pas présentes dans le jeu. Pourquoi avoir fait ce choix-là ?
Pour le premier, le scénario était pris à partir du jeu, c’était un projet assez passionnant. Lorsque la proposition de faire la même chose pour le deuxième s’est présentée, on s’est dit que ce n’était pas amusant car on l’avait déjà fait, j’ai donc voulu faire quelque chose de plus original dans lequel je pouvais m’investir, faire quelque chose de différent, c’est pourquoi je n’ai pas pris le scénario du deuxième opus. Je voulais d’abord faire quelque chose qui m’amuse moi plutôt que les fans et ainsi faire quelque chose d’original.
Une des choses que j’aime le plus dans le jeu, c’est que malgré toute cette violence et cette noirceur, les visuels, qu’il s’agisse des personnages, des décors ou même des châtiments infligés restent très colorés et drôles. Est-ce un choix artistique ou avez-vous décidé d’adoucir toute cette violence ?
J’ai toujours aimé les jeux sanglants, morbides, où les personnages meurent etc.. Je voulais faire quelque chose de très simple mais différent des autres jeux, c’est comme ça qu’est venu par exemple l’idée de mettre du sang rose. Ce n’est pas une question de censure mais de différence, rendre la chose horrible et kawaii à la fois.
Danganronpa a été novateur dans son genre et a tout de suite fait accrocher le public mais on voit tout de même beaucoup d’oeuvres basé sur le survival game ces dernières années avec souvent le même concept sans arrêt
Pensez-vous que le genre commence à s’essouffler ?
Il y a une catégorie de jeux que je n’apprécie pas, les jeux de la mort qu’on appelle les « death game ». C’est un genre assez facile à créer du fait que il suffit en fait de tuer quelqu’un ou que les personnages s’entre-tuent pour attirer l’attention du public. Il y a plein de manga qui utilisent cette ficelle, mélangent des scènes de meurtres en mettant des scènes violentes, choquantes, pour au final arriver à la conclusion qui n’est pas forcément suffisante par rapport au genre… Cela est un peu facile et ne me plaît pas forcément, la mort et le voyeurisme sont utilisés juste pour vendre et n’assurent pas jusqu’au bout en ayant une conclusion suffisante. C’est pour complètement exploser ce genre que j’ai écrit Danganronpa 3. Je pense que lorsque vous arriverez à la fin de ce jeu, vous comprendrez ce que je veux dire.
Vous travaillez sur la saga Danganronpa depuis plusieurs années maintenant. Pensez-vous continuer encore sur cette série ou avez-vous d’autres projets en tête ?
J’aimerais bien passer à autre chose, mais comme je suis le scénariste, au final on risque de retrouver quelque chose qui ressemble assez énormément à Danganronpa. Cela reste une série à laquelle j’ai consacré beaucoup d’efforts, d’énergie et de temps, je n’ai pas envie de l’abandonner aussi facilement et il se pourrait bien que dans dix ans, Danganronpa soit de retour avec un nouvel opus.
En tant que scénariste, vous devez avoir beaucoup d’imagination pour pouvoir écrire les récits des jeux. Quelles sont vos principales inspiration pour pouvoir concocter des meurtres qui se veulent de plus en plus intelligents au fur et à mesure que les jeux sortent ?
Plus le temps passe, plus le fait d’imaginer les meurtres des personnages me prend du temps. Comparé au premier opus, l’écriture pour le dernier m’a pris beaucoup plus de temps. J’ai travaillé à l’écriture du scénario avec un romancier qui écrit des romans sur le mystère sur ce dernier opus, je faisais appelle à lui en cas de syndrome de la page blanche.
Quel a été le jeu que vous avez le plus aimé faire ? Quel est votre personnage favori de tous les opus ?
Je n’ai pas d’opus préféré que j’ai préféré à écrire, j’ai pris beaucoup de plaisir pour les trois mais je pense qu’à chaque fois, la nouvelle version a dépassé la précédente. Cependant, j’ai tout de même un petit faible sentimental pour le premier opus. Pour ce qui est du plus élaboré et du plus abouti, il s’agit du troisième. J’aime bien évidemment tous les personnages car je les écris tous de façon à ce qu’ils puissent devenir des personnages principaux. Mais si je devais vraiment choisir un personnage alors ce serait probablement Monokuma. Au Japon, les fans sont généralement assez hardcore, chaque personnage a une foule de fans un peu caractériels, alors si je prends le risque de dire « Je préfère tel personnage », je prends aussi le risque de me faire tabasser par ceux qui en aiment un autre, c’est une question à laquelle je ne répondrais jamais au Japon.
Si vous pouviez travailler sur une oeuvre qui vous tient à coeur que ce soit film, anime, musique ou série etc.. laquelle serait-ce?
J’aime le cinéma, j’aimerais un jour pouvoir faire un film mais pas forcément en tant que réalisateur, car il faut se lever tôt et bouger de tous les côtés, cela me fatiguerait, donc je préférerais travailler sur la rédaction d’un scénario. Mais pour une oeuvre déjà existante, j’aimerais que ce soit sur Final Fantasy. J’aimerais y faire mourir tous les personnages.Photo : Google image Radio Tako
J’aime le cinéma, j’aimerais un jour pouvoir faire un film mais pas forcément en tant que réalisateur, car il faut se lever tôt et bouger de tous les côtés, cela me fatiguerait, donc je préférerais travailler sur la rédaction d’un scénario. Mais pour une oeuvre déjà existante, j’aimerais que ce soit sur Final Fantasy. J’aimerais y faire mourir tous les personnages.Photo : Google image Radio Tako
1 commentaire
[…] une autocritique assez cynique de la franchise. Ce qui irait finalement dans le sens de l'une des interviews de Kodaka, où il avoue… ne pas aimer les "death game" […]