- Auteurs : AKECHI Kenzaburô & TOUDOU Yutaka
- Genre : Historique, Drame, Samouraï
- Editeur : Delcourt/Tonkam
Synopsis : Plongez au coeur des derniers mois d’Oda Nobunaga, éminent seigneur de guerre ayant unifié le Japon au XVIe siècle. Laissez-vous porter par l’amitié qui le liait à Yasuke, le tout premier samouraï noir, et découvrez l’histoire qui mena à son assassinat lors de l’incident de Honnôji. Après plusieurs siècles, le voile est enfin levé sur les mystères qui planaient sur cet événement historique.
On se retrouve aujourd’hui afin de découvrir la dernière sortie des éditions Delcourt/Tonkam qui reprends un fait majeur de l’Histoire japonaise en réinterprétant le meurtre du grandissime Oda Nobunaga.
L’histoire de ce nouveau titre nous emmène aux origines de l’incident de Honnôji durant lequel Oda Nobunaga fut assassiné par son ancien vassal et conseiller Akechi Mitsuhide, un homme désirant voir régner la paix sur l’archipel, supposément jaloux du succès de Oda. Ces faits étant connus et acceptés par l’ensemble de la population, son descendant, Akechi Kenzaburô veut remettre ce scénario en doute en démontrant par ses recherches que la situation de son ancêtre était beaucoup complexe qu’il n’y parait et que la relation des deux hommes n’était pas forcément celle que l’on croyait. Dans ces deux premiers tomes, on assiste a leur rencontre et à la première confrontation de leurs idéaux respectifs qui finiront éventuellement par converger notamment lors de la défense de la résidence du shogun ou encore pendant l’expédition visant à envahir la province d’Echizen. En parallèle nous découvrirons aussi l’histoire de Yasuke, le premier samouraï noir du Japon qui sera un allié de taille pour nos deux combattants mais qui sera aussi déterminant dans cette quête de vérité que le descendant de Mitsuhide tiens à entreprendre.
Cette œuvre se présente sous la forme d’un manga mais elle provient en réalité d’un livre écrit par Akechi Kenzaburô, ce format d’adaptation est plutôt bien choisi pour illustrer cette histoire historique puisqu’elle permet une certaine liberté au dessinateur qui peut réinterpréter ces faits historiques avec une dimension plus épique. La force de ce titre repose dans son mystère et dans le caractère très étrange des circonstances de la mort d’Oda Nobunaga, mais l’emphase mise sur cette affaire met à mal le développement des personnages qui ne progresse et n’apporte aucune nuance sur leurs caractères respectifs.
On va en effet découvrir beaucoup d’éléments qui vont remettre en doute la culpabilité de Mitsuhide dans le meurtre de Nobunaga même s’il l’affirme en début de tome, il semble difficile de croire que le vassal ait eu raison de son maître à cause d’une histoire de jalousie. Le récit à le brio de réussir à nous tenir en haleine à coup de batailles et d’événements qui vont lier ces deux personnages, ce qui aura pour effet de nous faire beaucoup douter de la suite des évènements qui même s’ils ont déjà étés racontés, prennent une tournure assez inédite.
Mais paradoxalement, l’auteur à du mal à nous montrer une certaine profondeur qui devrait résider dans ses personnages, Oda semble en effet correspondre aux descriptions qui étaient faites de lui à l’époque mais il reste coincé dans de ce rôle de héros charismatique et bon qui ne veut que le bonheur et la paix autour de lui. On aurait aimé voir une facette peut être un peu plus réaliste qui nous aurait aussi montrer ses faiblesses et ses moments de doutes. Pareillement pour Mitsuhide qui semble aussi cantonné à ce personnage de serviteur fidèle en tout cas dans ce début de récit. On espère vraiment qu’ils pourront nous montrer toutes les particularités de leurs personnalités et surtout voir comment évoluera leur raisonnement dans les situations de crise.
Au niveau graphique, on retrouve un trait propre qui arrive à sublimer le récit et ses protagonistes, on apprécie particulièrement les expressions faciales des personnages qui retranscrivent bien les sentiments qu’ils éprouvent. On regrettera par contre le manque de dynamisme de certaines scènes de guerre qui aurait pu être mieux travaillés pour nous faire ressentir l’ambiance de cette période de guerre au maximum.
Au final, ces deux premiers volumes de L’Homme qui tua Nobunaga sont plutôt intéressants, grâce à une intrigue bien ficelée remplie de suspense, mais ne sont pas parfaits surtout en raison de ses personnages pas encore assez entiers. On espère que les prochains tomes pourront nous surprendre davantage.