C’est lors de la Japan Expo 2017 que nous avons eu la chance de rencontrer l’auteure du manga à succès « Pandora Hearts ». A l’occasion de la sortie de son nouveau manga « Les Mémoires de Vanitas aux éditions Ki-oon, venez découvrir cette nouveauté tant attendue.
Comment avez perçu le succès de « Pandora Hearts » en France et comment avez rebondi sur la publication de ce nouveau manga?
Jun Mochizuki : Je ne réalise pas vraiment que cela ai été un hit en France. J’en suis très heureuse qu’on me le dise et que l’on me le repète. J’espère vraiment que les lecteurs apprécieront aussi « Les Mémoires de Vanitas » car justement l’histoire se passe dans leur pays.
« Pandora Hearts » a été publié dans le J-Fantasy, « Les Mémoires de Vanitas » dans le Gangan Joker. Pouvez vous nous expliquez ce changement de magazine?
Jun Mochizuki : Ce n’est pas un choix personnelle. Pendant la publication de « Pandora Hearts », mon éditeur en charge de la série de l’époque a été changé de rédaction. Il est passé chez Joker. Je me suis tout naturellement que ma prochaine série serait avec lui chez Joker.
Quelles ont été les influences et inspirations pour « Les Mémoires de Vanitas »?
Jun Mochizuki : Déjà j’avais envie de faire une histoire avec un duo. Je me suis beaucoup inspiré des œuvres de Sherlock Holmes. Après pour l’aspect steampunk j’ai rassemblé pas mal de livres, d’illustrations à ce sujet. C’est un thème qui me plaît beaucoup à la base. Quant à Paris, j’ai pris pleins de photos pendant mes séjours et c’est grâce à cela que j’ai recrée l’atmosphère de Paris.
Concernant ce choix de Paris, qu’est ce qui vous à décidez à adapter telle ou telle époque dans ce manga? Qu’est ce qui a porté votre choix?
Jun Mochizuki : C’est une époque qui se prête bien au mix des nombreux éléments que j’aime. L’art nouveau, les robes de l’époque mais aussi car comme c’était à un moment où les robes se modernisaient et les nouvelles technologies, c’était une époque parfaite dans un univers de fantasy.
Comment s’est passé la transition entre « Pandora Hearts » et « Les Mémoires de Vanitas »? Pourquoi avoir choisi le thème des vampires, thème très courant sur le marché du manga. Quelle est l’innovation que vous nous offrez avec ce manga?
Jun Mochizuki : Depuis l’époque ou je dessinais « Pandora Hearts », j’avais déjà en tête deux options pour ma prochaine série : soit une série qui se passait sur un campus soit une série de vampires. J’ai choisi la dernière option. Quand je suis allé à Paris en 2010 à Japan Expo, la forme est devenue plus clair dans ma tête, la scène était planté. C’est à partir de ce moment que cela s’est développé réellement et que j’ai créé ces personnages de Noé et Vanitas. Le thème des vampires est utilisé dans plusieurs œuvres et il fallait absolument que je trouve un point d’originalité pour me démarquer. J’ai donc pris le concept traditionnel du vampire qui attaque les humains mais je l’ai retourné en introduisant un humain qui cherche à sauver les vampires.
Comment êtes-vous venue à l’idée de l’artefact, qui ne tue pas mais qui modifie la nature du vampire?
Jun Mochizuki : J’avais posé le concept d’un humain qui sauve les vampires mais après se posait la question de quelle forme je devais montrer les soins de cette salvation. Un des enjeux étaient de garder l’aspect attractif des vampires pour les lecteurs parce je ne pense pas que cela aurait intéresser les lecteurs de montrer des vampires malades et faiblards, au contraire ce sont des créatures qui fascinent par leur force et puissance. Donc utiliser ce visuel me permettait de garder les deux points forts de l’histoire de vampires et du point d’originalité dont j’ai parlé plus tôt.
Pour beaucoup de japonais, on peut noter un syndrôme de « retour à la réalité » par rapport à l’image qu’ils se font de Paris, pour vous cela a été l’inverse. Pouvez vous nous raconter votre expérience?
Jun Mochizuki : Mon premier voyage à Paris fût d’abord mon premier voyage à l’étranger. Je suis allé une fois à Hokkaido en avion mais c’était la première fois que je voyais d’autres pays depuis le ciel. J’étais déjà impressionnée de voler au dessus de la France, j’avais l’impression que le pays était immense. J’ai pleins de petits détails qui me viennent en mémoire. Par exemple, les rues sont faites d’allées comme à l’époque. Personnellement, j’ai l’impression que le ciel me semble plus vaste quand je suis à Paris, sur les bords de Seine on le voit bien. J’ai toujours les images des nuages formées par les avions qui s’entrecroisent. Ces images me sont restées.
Dans « Les Mémoires de Vanitas », le grimoire permet de redonner l »identité d’origine du vampire maudit, quelle importance accordez vous au thème de l’identité?
Jun Mochizuki : Plus que l’histoire ou même le graphisme, ce qui m’intéresse ce sont les personnages. C’est cet aspect là de la narration que je veux mettre en avant. Quant aux personnages, c’est à l’approfondissement de leur intériorité. C’est vrai que plus on creuse plus on tombe sur la question de l’identité. Cela ressort beaucoup dans mes œuvres.
Nous sommes tout de suite plongé dans l’atmosphère du manga? Quelles ont été les difficultés pour créer cette ambiance?
Jun Mochizuki : J’ai utilisé beaucoup d’éléments de steampunk dans cette histoire se situant au XIXème siècle, mais la question se pose jusqu’où je dois aller dans l’introduction de ces éléments de fantasy dans un Paris réel. Je ne voulais pas de l’image de steampunk avec de grosses machines lourdes et sales. Je voulais garder un côté élégant éventuellement mixé avec des éléments de l’art nouveau que j’aime beaucoup aussi. C’est donc ce problème qui se pose lorsque je fais mes planches chaque mois : ne pas trop en faire pour que le Paris réaliste reste visible.
Dans l’univers de Vanitas, on peut trouver des similitudes avec une autre œuvre : « D.Grey-Man ». Est-ce une œuvre qui l’a inspiré pour planter le décor? Ou un simple hasard?
Jun Mochizuki : J’y ai jamais pensé. Je ferais en sorte que cela ne ressemble pas trop. (rires)
Vous êtes très attachée à la psychologie de vos personnages. Est-elle déjà établie avant le character design?
Jun Mochizuki : Dans une vue d’ensemble j’ai rassemblée divers éléments que je voulais introduire dans mon histoire donc : vampires, steampunk et Paris; en les réunissant pour en faire quelque chose de cohérent. Pour moi le plus important ce sont les personnages, les histoires et en troisième le monde. Je pars des personnages pour enfin développé l’histoire. L’histoire doit être au service des personnages, pour les mettre en valeur.
Quelles sont vos impressions sur cette Japan Expo 2017?
Jun Mochizuki : J’aurais bien aimé profiter un peu plus de mon séjour à Paris. Le problème c’est que j’avais plein de planches à terminer du coup mon temps libre, je l’ai passé dans ma chambre d’hôtel à finir mon travail. La prochaine fois, je finaliserai ça avant de venir pour pouvoir faire du tourisme. Mais je suis ravie d’avoir été invitée. C’était une chance unique de rencontrer mes lecteurs français, mes aussi des lecteurs d’autres pays qui sont venus, donc merci beaucoup pour cette invitation.