- Auteur : SHIRAI Kaiu (story), DEMIZU Posuka
- Genre : Aventure, Fantastique
- Editeur : Kaze
Synopsis : Emma, Norman et Ray coulent des jours heureux à l’orphelinat Grace Field House. Entourés de leurs petits frères et soeurs, ils s’épanouissent sous l’attention pleine de tendresse de « Maman »,qu’ils considèrent comme leur véritable mère. Mais tout bascule le soir où ils découvrent l’abominable réalité qui se cache derrière la façade de leur vie paisible ! Ils doivent s’échapper, c’est une question de vie ou de mort !
Manga phare du Shonen Jump, The Promised Neverland est l’une des nouveautés du magazine qui a réussi à faire parler de lui avant même que le manga soit annoncé dans nos contrés et avant qu’un quelconque anime en fasse la promotion. Pré-publié dans le célèbre magazine depuis 2016, il a su obtenir un succès retentissant grâce à un récit puissant et intriguant mais qu’en est-il vraiment ?
L’histoire prend place au sein d’un orphelinat complètement coupé du reste du monde où grandissent des enfants allant du nouveau-né jusqu’à douze ans environ. Leur quotidien est ce qui a de plus normal entre les moments où ils s’amusent tranquillement et les séances où leur compétences intellectuelles sont mises à l’épreuve durant des tests écrits, un train-train qui ne sort pas de l’ordinaire. Cependant, au-delà de tout cela, se cache une vérité atroce qui remettra en cause l’entièreté de leur existence. On pointe alors le doigt sur la qualité première de The Promised Neverland et ce qui en fait une oeuvre magistrale. En effet, l’univers est des plus intrigants et fascine dès les premières pages. A travers le quotidien de ses enfants, des questions se posent. Pourquoi cet orphelinat est-il isolé de la sorte ? Qui est cette femme qui se fait appeler « Maman » par eux ? Autant d’interrogations en si peu de pages lues. La globalité de l’oeuvre, avec son thème assez sombre et angoissant saura faire rappeler des œuvres du magazine comme Death Note, D. Gray Man ou récemment Hunter x Hunter qui sont bien loin des univers assez colorés que peuvent proposer les autres mangas du Shonen Jump. Par cela, The Promised Neverland s’inscrit d’ores et déjà dans un registre de quasi-thriller. Plus l’histoire avance, plus les enjeux se dessinent tout en restant assez flou ce qui donne la sensation d’avancer dans le brouillard. Cette frustration est davantage appréciable quand on finit un chapitre, on ne peut s’empêcher de sauter sur le prochain. Etant le premier projet de Shirai, le scénariste, on sent d’autant plus toute la passion qu’il met dans son oeuvre avec un imaginaire très riche et une intrigue drôlement bien ficelée.
L’univers et l’histoire sont donc un point fort du manga mais que serait une bonne oeuvre sans des personnages riches et intéressants ? On retrouve donc parmi les enfants, trois d’entre eux qui sortent du lot à savoir l’héroïne Emma, le surdoué Norman et l’énigmatique Ray. Tous les trois sont incroyablement doués qu’il s’agisse d’utiliser leur cerveau ou leurs compétences physiques. Ils restent, néanmoins, très différents les uns des autres, ce qui crée un équilibre parfait. Tout d’abord on a Emma, véritable bout-en-train, c’est à travers elle qu’on retrouve le côté « Shonen Jump » puisqu’elle représente l’espoir et la lumière dans un monde bien plus lugubre qu’il parait. Elle est, pour le lecteur et les autres personnages, un point d’ancrage pour se reposer et s’identifier. Elle n’en reste pas moins un personnage attachant. Norman et Ray, quant à eux, sont l’opposés de la jeune fille. Bien plus calmes, ils réfléchissent avant d’agir. Ils sont bien plus mystérieux qu’Emma, chacun à leur façon, Norman derrière ses sourires sages et Ray derrière son air énigmatique. Bien qu’ils soient des alliés de l’héroïne, on reste méfiants, en même temps dans un tel monde, on ne sait plus à qui se fier. Dernier personnage qui prend très vite une place très importante et surement le plus intriguant de tous dans ce premier volume, « Maman » ne laisse pas indifférant. Elle est la source de beaucoup de questions. On ne sait pratiquement rien d’elle et à l’image du manga, elle fascine et effraie en même temps.
Le scénariste n’est pas seul sur cette oeuvre puisqu’il est accompagné de Demizu, un dessinateur de talent. Au premier abord, on peut avoir du mal avec son style mais finalement, cela colle bien aux thématiques que propose l’oeuvre. Dans les tons fantastiques, les décors nous emportent et nous font voyager dans un monde à mi-chemin entre Narnia et Games of Throne (il fallait l’oser celle-là). Les expressions des personnages sont violentes de réalisme et Posuka construit ses planches avec des traits très hargneux et n’hésite pas à utiliser l’aspect ombreux du manga pour faire des pages glauques et dérangeantes. Seul bémol, le découpage est un peu mal utilisé par moment, comme lorsqu’un personnage fait soudainement son apparition sur la page de gauche, en arrivant à celle-ci, on l’a déjà vu du coin de l’oeil, ce qui gache la surprise. Ce n’est rien de bien grave en soit mais certains scènes sont un peu gâchées quand on pense qu’elles ont été pensés comme une sorte de jump scare.
En somme, The Promised Neverland est certainement LE manga de cette année pour les éditions Kaze qui ont grandement misé sur ce titre et on comprend pourquoi. C’est un tome que l’on peut qualifier de quasi-parfait et qui démarre sur les chapeaux de roue. On ne peut donc qu’attendre la suite qui paraîtra en juin. L’attente sera longue !