- Auteur : MIYAUCHI Saya, d’après l’oeuvre de HIGA Tomiko
- Genre : Drame, Guerre, Historique
- Éditeur : Akata
Synopsis : Avril 1945, Okinawa. Tandis que le Japon est rentré en guerre depuis quelque temps déjà, la petite île tropicale nippone semble encore épargnée par les conflits. C’est là-bas que vit la petite Tomiko, dans la joie et la bonne humeur, malgré l’absence de sa mère. Pourtant, quand les bombardements commencent et que son père doit partir sur le front, son quotidien bascule et … Désormais, il lui faudra survivre … Survivre, envers et contre tout !!
L’Histoire a toujours passionné les hommes. On ne compte plus le nombres d’oeuvres portant sur des faits historiques, qu’ils soient très vieux ou plus récents. De toutes les périodes, c’est indéniablement les deux guerres mondiales, notamment la deuxième de 1939 à 1945 qui fascine les foules. On sait tous comment s’est déroulée cette guerre d’un point de vue politique ou militaire mais ce qu’on sait moins, c’est comment l’ont vécu les premières personnes concernées, à savoir les citoyens. La fillette au drapeau blanc raconte donc l’histoire vraie de Higa Tomiko, petite fille de six ans en 1945 lors du débarquement américain à Okinawa. Séparés de leur père, ses deux soeurs, son frère ainsi qu’elle devront se débrouiller pour pouvoir survivre mais c’est lorsque Tomiko se retrouve seule, loin de sa fratrie que l’aventure va réellement commencer pour elle.
Durant la totalité du tome, on suit donc le parcours de cette petite fille qui tente de survivre par tous les moyens possibles. Le récit est très fort émotionnellement puisqu’on nous présente pour une énième fois les horreurs de la guerre mais cette fois-ci à travers les yeux d’une enfant. Ce contraste entre son innocence et la dure réalité dans laquelle elle est forcée de vivre crée une forte émotion. On ne peut que s’imaginer à sa place et se demander si nous aurions eu le courage et la volonté de subir de tels chocs psychologiques à un si bas âge. Tout au long de son périple, Tomiko y verra les horreurs de la guerre comme la mort de centaines d’innocents, la corruption des soldats, le manque de solidarité entre concitoyens ou encore la famine. Ce n’est que le doux souvenir de sa famille qui l’a poussera à avancer et ne pas regarder en arrière.
Véritable leçon de vie, le manga se penche, certes, principalement sur des thèmes très négatifs qui correspondent à toutes les périodes de guerre mais il réussit à véhiculer un message d’espoir. La simple image du drapeau blanc en est le symbole et la vie de Tomiko également. Outre la mort et les ravages, il y a toujours une lueur d’espoir et des gens bien. C’est un témoignage douloureux autant pour Tomiko, qui nous a quitté aujourd’hui, que pour les lecteurs qui se retrouvent happés par ce récit. Il est bon de ne pas toujours montrer que le négatif, même si les guerres le sont à 95% et c’est ce que raconte l’histoire de cette petite fille.
Le travail fait par Miyauchi Saya est plus que correct avec une retranscription sincère et fidèle à la vie de Tomiko. Les traits sont faits, ce qui témoigne d’une certaine légèreté mais elle parvient aussi à dessiner des pages plus horribles comme des dizaines de cadavres ou des visages décomposés par la faim et la violence. On sent que la mangaka a bien travaillé son sujet et ne s’est pas simplement lancée à corps perdu dans l’adaptation du roman. On notera également qu’il est ingénieux d’avoir insérer dans les dernières pages les véritables photos datant de 1945 où l’on voit la petite Tomiko avec son drapeau blanc. Cela fait une sensation d’authentification, comme si on nous assurait que ça c’est bien passé et ça nous prend aux tripes.
La fillette au drapeau blanc est une oeuvre dure à supporter et peut être difficile à lire pour les plus sensibles. Cependant elle reste importante et le témoignage que nous a laissé Higa Tomiko doit être un exemple pour nous tous. Le manga est sincère et suscite l’émotion et nous fait nous questionner sur ce que c’est qu’être un être humain, au delà du côté biologique.