Suite du premier film, sorti en 2017 au Japon et diffusé en France en 2018, Lost Butterfly a la lourde responsabilité de faire la passation entre un premier film rushé et un dernier qui doit combler toutes les attentes. Une tâche bien ardue que les seconds volets des trilogies peinent souvent à faire. Mais qu’en est-il pour l’une des licences les plus populaires du Japon ?
Lost Butterfly reprend donc là où Presage Flower s’était arrêté. On y retrouve nos protagonistes se remettre des événements du précédent film, à savoir, pour Shiro, la perte de Saber, son fidèle servant. Malgré cela, la guerre du Saint-Graal est loin d’être finie et nos héros doivent vite faire face à Zoken et cette mystérieuse ombre qui menacent Fuyuki. En parallèle, Sakura, ayant repris le contrôle de Rider, au détriment de Shinji, se voit être en proie à l’immense pouvoir qu’elle renferme et qui la mettra en danger elle ainsi que les autres.
C’est donc dans ce cadre-là que ce second volet se poursuit. Tandis que le premier s’appuyait beaucoup sur les scènes d’action, bien que la relation entre Shiro et Sakura avait une grande importance, Lost Butterfly se concentre exclusivement sur ces derniers. On a quelques scènes de combat timides et une qui est plus que spectaculaire entre deux servants mais comparé à Presage Flower qui regorgeait de combats, on est à l’opposé. On ressent, pour une fois, l’aspect visual novel de Fate.
Ce second métrage est focalisé sur Sakura, étant donné qu’elle est le personnage principal de cette route et donc de cette trilogie. C’est sa relation amoureuse avec Shiro qui est le thème principal de ce volet et si jusqu’à aujourd’hui, TYPE-MOON avait quasiment renié le côté « eroge » de sa licence, on peut dire qu’il renoue complètement avec. Comme nous le disions dans l’article pour Presage Flower, Fate est avant tout un eroge, un visual novel érotique où l’on pouvait coucher avec les personnages féminins comme Saber, Rin ou Sakura en fonction de la route choisit et les illustrations étaient très explicites (nous vous laissons chercher sur Google si le sujet vous passionne). Cependant, jusqu’à lors, TYPE-MOON et/ou Ufotable n’incluai(en)t pas ces scènes, du moins pas explicitement, privilégiant toujours le fan-service plus « léger ». Cela est surement dû au fait que le format télé est plus compliqué pour ce genre de choses, notamment à cause de la censure. Il n’empêche que pour quelqu’un qui n’est pas au courant que l’aspect érotique est l’essence même du support de base, il peut facilement être surpris tant le changement est radical, voire même un peu trop. On passe du Fate très édulcoré qui pouvait de temps en temps faire du fan-service un peu grossier à un Fate qui n’hésite pas à montrer le personnage principal se masturber. Certes, des scènes comme celle où Shiro et Sakura couchent sont importantes, notamment pour l’évolution de cette dernière mais d’autres, bien que fidèles, n’ont pas leur place. Comme dit précédemment, le changement de direction est tellement violent qu’on arrive à se demander si on regarde bien la suite du premier volet.
Outre les scènes plus que suggestives, la relation entre Shiro et Sakura est des plus intéressantes et on y croit malgré tout. Que l’on aime ou non ces personnages, on ne peut pas dire que les scénaristes n’ont pas compris les personnages et ce qu’ils éprouvent l’un pour l’autre, aussi compliqué que ce soit. On a donc des scènes très touchantes et poignantes entre nos deux protagonistes qui arrivent à évincer les pseudo-relations amoureuses qui avaient été mises en place dans Fate/Stay Night et Unlimited Blade Works avec les routes respectives de Saber et Rin. Aucune préférence ici (si, Rin) mais il y a un soin tout particulier qui est apporté au couple Shiro/Sakura. Qu’il s’agisse de l’un comme de l’autre, ils sont plein de questions, de doute, d’appréhension, ce qui leur permet d’évoluer grâce à l’autre. Cependant, c’est aussi ce qui donne un coup de mou au film. Pour le premier, nous relevons le fait que tout allait beaucoup trop vite et que l’on craignait pour le second opus et nous visions juste. Là où Presage Flower posait ses bases en moins de cinq minutes et avait un rythme très effréné, Lost Butterfly est infiniment plus lent. Tout se joue sur les dialogues et moins sur l’action, on tient vraiment à mettre en avant Sakura et c’est ce qui pose problème d’un côté. Tout est rallongé et on n’en voit plus la fin. Alors encore une fois, on redoute que le dernier volet sera confus tant il y a de choses à voir. Peut-être aurait-il juste fallu deux films pour narrer cette ultime route ou un anime d’une vingtaine d’épisodes ?
On parle beaucoup de Shiro et Sakura mais qu’en est-il des autres personnages ? C’est une question difficile parce qu’ils existent bel et bien mais gravitent juste autour d’eux sans vraiment apporter quoi que ce soit. Effectivement, Rin et Archer sont toujours là pour les épauler mais ne brillent pas particulièrement (mention spéciale à Archer qui aurait pu avoir une plus belle scène, même si elle était touchante en soit). Rin, malgré sa relation particulière avec Sakura n’a pas de rôle à jouer dans le développement de cette dernière, ce qui est bien dommage lorsqu’on sait ce qui les lie. Pareil pour Ilya dont la relation avec Shiro est très bancale. C’est regrettable qu’ils ne sachent pas utiliser l’aura de Kiritsugu à bon escient et n’en font qu’une scène pathétique où Ilya prend conscience de l’amour que lui portait son père malgré tout. On garde quand même espoir pour le dernier volet, sachant ce qu’il s’y passera, on croise les doigts pour que justice soit faite et que la relation Ilya/Kiritsugu soit approfondie.
Un des gros points sur la com du film est l’Alter Saber, cette version plus sombre du célèbre Servant mais on ne comprend toujours pas pourquoi ? Elle sera très certainement un personnage central du dernier volet mais pour celui-ci, elle a, certes, la scène la plus technique, mais ne sert pas à grand chose. Il fallait sans doute attirer les foules et vu qu’elle est la star de la licence… On regrette aussi qu’il n’y ait pas eu plus de scènes entre Shinji et Sakura, notamment dans leur enfance, pour voir à quel point il était mauvais avec elle et que le spectateur puisse être encore plus satisfait de la scène finale.
D’un point de vue artistique, le film est moins impressionnant que son prédécesseur. Il reste très beau visuellement mais Presage Flower avait mis la barre tellement haute, notamment avec le combat entre Lancer et Assassin qu’on s’attendait à quelque chose du même calibre ou plus dingue encore ! On se doute que le dernier opus sera incroyable à ce niveau-là mais c’est dommage. Le premier volet avait tenté des trucs bien sympathiques comme les angles de caméras peu communs dans les productions japonaises. L’aspect graphique de Lost Butterfly est à l’image du film en lui-même : joli mais on aurait voulu bien plus. Il s’agit de la transition et on a l’impression qu’on remplit juste histoire de faire un deuxième film.
C’est pourquoi nous nous posions la question plus haut. Est-il nécessaire de faire des films alors que jusqu’ici les séries animées remplissaient bien ce rôle (surtout Fate/Zero) ? Malgré tout, Heaven’s Feel reste la route la plus « impressionnante » et est la conclusion de la saga Fate/Stay Night, ce qui fait qu’on attend quand même le dernier film avec impatience. On espère aussi que le public présent pour le dernier chapitre sera plus respectueux que celui qui était au Grand Rex. Entre les cris et les rires durant les scènes intenses, on était souvent sorti du film. Déjà que ce dernier n’aidait pas en lui-même, il n’était pas nécessaire de gâcher le film en instaurant une ambiance atroce. Enfin bon, il nous reste un peu moins d’un an avant de pouvoir découvrir la conclusion de cette saga et on prie pour que Ufotable nous en mette plein les yeux.