- Auteur : TAKAHASHI Tsutomu
- Genre : Aventure, Arts Martiaux, Historique
- Editeur : Panini
Synopsis : 1858, la nation traverse une période socialement et politiquement instable avec l’arrivée des occidentaux qui l’obligent à s’ouvrir au monde extérieur. Et comme si cela ne suffisait pas, elle subit une épidémie de cholera qui fait des milliers de victimes, un fléau qu’on propagé les étrangers. Touchée par ce mal terrible, la mère de Shotaro et Gentaro Yukimura, deux frères de 14 et 13 ans, leur fait promettre de résister quoi qu’il arrive, car se sont toujours les plus fort qui s’en sortent. A la mort de celle-ci, les deux garçons se retrouvent seuls au milieu du chaos et doivent se battre pour survivre…
On retrouve les éditions Pannini pour la sortie d’une réédition d’un ancien manga de leur catalogue, le seinen brutal Sidooh reviens pour nous montrer une facette plus cruelle du Japon et des samouraïs.
L’histoire de Sidooh prend place en 1858, une époque très sombre pour le Japon qui est « envahi » par les autres pays, notamment les Etats-Unis qui mettront fin à la politique renfermée qu’exerçait l’archipel jusqu’alors dans le cadre de traités politiques inégaux et par la même occasion ont plongé le pays dans une épidémie de cholera terrible. C’est dans ce contexte difficile que nos héros Gentaro et Shotaro Yukimura évoluent tant bien que mal et après la mort déchirante de leur mère due à l’épidémie, se retrouvent livrés à eux-mêmes. Ils affronteront beaucoup de danger dans ce monde complètement ravagé autant socialement que physiquement, mais ils feront aussi la rencontre de Kiyozo Kura, un samouraï mercenaire sans foi ni loi qui n’hésitera pas à vendre nos deux héros à un étrange groupuscule religieux nommé Gudan ou Coeur Pur qui choisira Shotaro comme sacrifice humain destiné à être exécuté lors d’une cérémonie où il devra se battre à mort contre un autre garçon de son âge. De son côté, Gentaro sera enfermé dans la cellule des servantes où, après avoir été presque violé, il découvrira que la fonction des femmes est de faire de disparaître les cadavres après la cérémonie dans laquelle son frère est censé participer.
Sidooh est une œuvre injuste et noire, mais empreinte de réalité, la période qu’elle représente était effectivement tout aussi barbare si ce n’est pire. La force du récit se révèle dans la mentalité de ses deux personnages principaux qui possèdent un instinct de survie à toute épreuve, mais aussi dans son univers qui met en scène une ambiance sombre sous fond de secte, sujet assez rare qui n’est pas si exploité dans les mangas.
On connaît beaucoup de duos de frères qui ont vécu des expériences traumatisantes, on pourra citer Ed et Al de Fullmetal Alchemist ou encore tout simplement Ace et Luffy de One Piece, mais nos deux frangins Shotaro et Gentaro se placent peut-être en haut de la liste. Leur histoire tragique va servir de carburant à leur désir de vivre, en plus de la promesse qu’ils ont faites à leur mère, ces deux personnages représentent la lumière dans un monde de ténèbres, malgré toutes les épreuves auxquelles ils feront face. Leur lien fraternel sera aussi un des éléments important de l’histoire puisqu’il sera la seule connexion véritable que l’on rencontrera sachant que tous les autres personnages interagissent seulement dans leurs propres intérêts.
L’ambiance si perfide de cette œuvre est en grande partie due à la secte Gudan dans laquelle nos héros ont étés vendus. Dirigée par le mystérieux Rugi, ce groupe a pour but de purifier le cœur de hommes afin de construire une société saine mais pour réaliser leur objectif ils n’hésiteront pas à faire des sacrifices ou encore à torturer leurs fidèles. Le concept de secte religieuse est peu conventionnel dans les mangas où anime tant la religion à une place importante dans la société japonaise ce qui rebute les auteurs à en parler, mais Takahashi Tsutomu se sert habilement du contexte historique pour placer une critique assez sévère de ce phénomène qui, malgré les apparences, est toujours présent dans le Japon d’aujourd’hui.
Au niveau graphique, ce manga possède un style très particulier oscillant entre manga et peinture, le dessin n’est pas parfait sur toutes les cases et possède un aspect crayonné qui n’est pas sans rappeler le manga Berserk un autre seinen très populaire. Toutes ces caractéristiques réunies permettent vraiment d’ajouter un côté « cru » et permettent de rendre le manga très reconnaissable. Au niveau de la réedition, fini les couvertures sous fond jaune et place au noir avec des taches de sang pour montrer directement au lecteur le contenu de l’aventure qu’il va vivre, on espère que Panini pourra finalement publier tous les tomes.
Au final, ces deux premiers tomes de Sidooh sont réellement exceptionnels, avec une histoire sombre mêlant deux frères très attachants et un aspect critique qui n’hésite pas à dénoncer certains travers de la société, on ne pourra que le recommander et espérer que la suite arrive à nous surprendre encore plus.