- Auteur : Hubert (story), Virginie AUGUSTIN (art)
- Genre : Roman graphique
- Editeur : Glénat
Synopsis : C’est l’histoire vraie d’une petite fille née en 1900 à Londres, qui « se sentait déjà queer dans la matrice ». En grandissant, elle a fait le tour du monde, elle a lancé sa compagnie de taxis féminins, elle a fait la guerre, elle a battu des records de vitesse dans des courses de bateau, elle a régné en monarque éclairé sur une île des Bahamas, elle a eu pour meilleur ami et confident une poupée… Vivant plusieurs vies, elle a porté plusieurs noms. À sa naissance, on l’appelait Marion. Puis à 5 ans, après une chute de chameau, elle a choisi le pseudonyme de Tuffy. Enfin, c’est très vite dans le prénom Joe qu’elle s’est vraiment reconnue. Et c’est en homme qu’elle a forgé sa réputation et créé sa légende… Amoureuse de la compétition, de la vitesse et des conquêtes féminines, Joe Carstairs a vécu une existence fidèle à son personnage : explosive, impulsive et excentrique. Suivez la destinée d’une femme richissime au charme incandescent, pleine d’une confiance inébranlable et pour qui la vie ne fut qu’un long feu de joie.
Le duo derrière l’excellent Monsieur Désire ? est de retour avec leur dernier titre qui s’ancre une nouvelle fois dans une époque historique marquante à savoir l’après-guerre, au XXe siècle où les mœurs ne demandaient qu’une chose : être bousculées ! Et pour ça, qui de mieux que la légendaire Marion Barbara Carstairs, véritablement icône de cette époque si unique.
Joe la Pirate nous raconte, vous l’aurez compris, l’histoire VRAIE de cette jeune femme, de ces premières années jusqu’à son dernier souffle sur son lit de mort. Avant de commencer la lecture de ce roman graphique, je n’avais jamais entendu parler de Marion Carstairs, de près ou de loin. C’était donc une personnalité complètement inconnue à mes yeux que je découvrais par le biais de l’association de Hubert et de Virginie Augustin et je dois dire que j’ai été agréablement surprise. Je ne m’attendais pas à suivre avec autant de plaisir la vie de celle que l’on appelle Joe. Le début est un peu dur à digérer mais une fois qu’elle parvient à accéder aux soirées mondaines et à la jet-set du New York des années 30/40, on est complètement pris dedans. Ses nombreuses histoires d’amour sont absolument passionnantes, notamment la relation qu’elle a entretenue avec celle qui restera la femme de sa vie, Ruth Baldwin ou encore la célèbre Marlène Dietrich.
Hubert, le scénariste a voulu garder l’authenticité des faits et ce, même s’il a bien entendu dû prendre quelques libertés comme sur les dialogues par exemple. Hormis ça, chaque évènement narré dans la BD est réelle et cette dernière fait vraiment office de biographie. Comme dit plus haut, on va la suivre de sa jeunesse où elle refuse déjà de se comporter comme les filles de son entourage au moment où elle dirige d’une main de fer une île des Bahamas en passant par son service durant la première Guerre Mondiale car oui, elle s’est engagée par envie d’aventure et de frissons. Cela résume parfaitement le personnage, en avance sur son temps et qui refuse de suivre les normes qu’imposaient la société à l’époque.
Ce qui est très intéressant chez elle, c’est qu’elle n’a jamais nié sa nature féminine. Elle n’a jamais voulu être un homme mais considère que c’est plus excitant et drôle de jouer les hommes. Ouvertement lesbienne, c’est un symbole fort du mouvement LGBTQA+ mais dont l’histoire est, malheureusement, pas assez mis en avant. Elle représente un modèle pour les femmes mais pas seulement. Son tempérament fougueux et son envie de vivre sa vie comme elle entend est un beau message qui mérite d’être transmis au plus grand nombre.
Joe est donc un électron libre qui croque la vie à pleines dents, sans se restreindre mais c’est un être humain avant tout, avec ses défauts et son côté sombre. On l’aperçoit déjà avec ses conquêtes qui se succèdent mais c’est quand elle achète cette île aux Bahamas qu’on se rend compte qu’elle peut être contradictoire avec son mode de vie. En effet, si elle peut se permettre toutes les débauches possibles, ses employés ne le peuvent pas. Elle les traitent durement sans pour autant dire qu’il s’agisse d’esclavage. Elle fait plutôt penser à un tyran qu’autre chose.
On peut donc dire que l’ultime BD de Hubert chez Glénat est une franche réussite. Suivant chronologiquement la vie de la navigatrice, il nous transporte dans plusieurs endroits du monde et nous fait voyager pour suivre le fabuleux destin qu’a été celui de Joe Carstairs. Accompagné par les traits précis et agréables de Virginie Augustin, on en redemande encore !