- Auteur : NAGATE Yuka
- Genre : Historique, Action
- Editeur : Mangetsu
: 1635, en plein coeur de l’ère Edo. Kochô, femme de plaisir, est particulièrement reconnue dans le célèbre quartier de Yoshiwara, haut lieu des plaisirs de la chair de la capitale nippone. Ce que ses clients ne savent pas, c’est que Kochô est également une kunoichi (une shinobi) et poursuit une quête de vengeance qui devrait les pousser à revoir leurs manières et à ne pas lui confier trop de secrets sur l’oreiller.
Cela ne fait que quelques mois maintenant que le label manga des éditions Brageleonne, Mangetsu, existe mais il y a un type de récits que l’on retrouve souvent dans leur catalogue plutôt bien rempli pour une première année : le genre historique. Chiruran, Le Mandala de Feu, Keiji et maintenant Beast Butterfly, il n’y a pas à dire, on aime le Japon féodal du côté de la pleine lune. On ne peut pas jeter la pierre, ici à la rédaction, on est particulièrement friand des récits d’époques et encore plus quand ça touche le pays du Soleil-levant.
Après avoir abordé les thèmes du samouraïs en long et en large dans leurs précédents titres, Mangetsu se penche cette fois-ci du côté des shinobi et plus particulières des femmes que l’on appelle les kunoichi. Ici, on suit le périple de Ochô, une jeune femme qui a pour unique but de chasser les siens qui se sont écartés du droit chemin. Elle traque donc sans relâche ses anciens compagnons de batailles tout en se faisant passer pour une courtisane.
Si le mélange courtisane, lame et exécution vous rappelle quelque chose, c’est effectivement parce que Butterfly Beast s’inspire énormément de cette mode des femmes de l’ère Edo qui manie aussi bien l’art du kimono que les sabres. On pense tout de suite à Lady Snowblood de Kazuo Keiko et Kazuo Kamimura, publie dans les années 70 dont le personnage principal, Yuki, ressemble beaucoup à Ochô. Elles souhaitent tout deux se venger d’hommes qui les ont faites souffrir. Pour cela, elles choisissent de se défaire de toute attache et se concentrent sur la colère qu’elle garde enfouie en elle. Néanmoins, l’une comme l’autre, n’en reste pas moins des êtres humains et il arrive parfois qu’elles flanchent.
Ochô est un personnage intéressant puisqu’elle n’est pas le cliché de la femme fatale par excellence. Nagate a choisi de la représenter aussi bien en tant que tueuse imperturbable qu’en tant que personne qui se soucie du sort de gens qu’elle a pu côtoyés par le passé. C’est une femme qui a vécu des choses qui l’ont traumatisé et même si l’on en sait que très peu sur ce passé qui la ronge, les bribes que l’autrice nous dissémine par-ci par-là font que l’on s’attache rapidement à la kunoichi. C’est d’autant plus frustrant sachant qu’une suite est prévue pour 2022. On ne peut que prendre notre mal en patience.
Nagate n’impressionne pas que par sa narration qui est rythmé de manière crescendo. Son trait est tout aussi incroyable, si ce n’est encore plus. Les couvertures ont beau être très simples, elles restent magnifiques. Elle est vraiment douée pour les illustrations surtout lorsqu’elle les colorient avec l’acrylique, donnant tout de suite un côte « peinture ». L’ajout de certaines planches couleurs au début des tomes est également appréciable, ce n’est pas toujours qu’on peut se payer le luxe d’avoir un manga avec des illustrations en couleurs. Quoi qu’il en soit, le style graphique de Nagate est somptueux et si celui-ci vous rappelle celui d’un certain Gift +/-, c’est tout à fait normal puisque c’est la même mangaka.
L’attente va être des plus longues jusqu’à 2022 pour avoir la suite des aventures d’Ochô. Sa relation avec Kazuma n’ayant été à peine abordée dans ces deux tomes, on n’a qu’une seule hâte : pouvoir mettre la main sur la suite et en apprendre plus. Malheureusement, on va devoir prendre notre mal en patience…