- Auteur : KOBAYASHI Yûgo
- Genre : Sport
- Editeur : Mangetsu
Synopsis : Aoi Ashito habite dans la préfecture d’Ehime et ne l’a jamais quittée. Bien qu’il soit un surdoué du football, il souffre depuis toujours d’un caractère trop impulsif. Après avoir été témoin du talent d’Ashito, le directeur des U18 du Tokyo Esperion FC, lui recommande de participer à une détection à Tokyo. Sans le sou ni véritable connaissance des rouages de la formation professionnelle, Ashito se lance corps et âme dans un grand voyage, qui l’amènera peut-être un jour jusqu’aux sommets du football japonais.
Dès l’annonce de leur nouvelle maison d’édition, Mangetsu a tout de suite mis les crampons pour nous dévoiler l’un de leurs futurs mangas phares : Ao Ashi. Placé dans la collection « Mangetsu Shonen », il est le fer de lance pour ce nouvel acteur du marché du manga en France. Sorti en pleine période de l’Euro 2020, ce titre a su mettre beaucoup d’arguments de son côté pour attirer les yeux sur lui. Défi relevé pour Mangetsu ?
Quand on parle de foot et de manga, on cite très souvent, voire toujours, le cultissime Captain Tsubasa, connu sous le nom d’Olive et Tom dans nos contrés. Même si bien d’autres titres parlant de football sont arrivés chez nous (Sayonara Football, Angel Voice, Hungry Heart…), aucun n’a su conquérir le public français comme l’avait fait le manga de Takahashi Yôichi. Faute de communication ? D’intérêt ? Quoi qu’il en soit, le manga de foot n’avait plus connu d’essor depuis de longues années, laissant place à des titres sur le volley, le basket ou encore la boxe prendre sa place. Il aura donc fallu attendre 2021 pour avoir non pas un mais DEUX titres qui sortent à quelques jours de différence : Ao Ashi et Blue Lock (Pika), de quoi relancer la vague footballistique dans le genre. Si l’on pouvait penser que ces deux manga ne pourraient pas coexister dû à leur sujet principal similaire, il n’en est rien. C’est même tout l’inverse.
Tandis que Blue Lock se veut beaucoup plus barré dans son approche de la discipline sportive, Ao Ashi en est le total opposé. Très ancré dans la réalité de ce sport, on suit un jeune garçon, Aoi, dans sa conquête des sommets du foot et la première chose que l’on peut conseiller c’est de lire les premiers tomes à la suite. A la rédaction, on est à des années lumières d’être des fans de foot et étant très peu intéressés à ce sport, on a eu beaucoup de mal à complètement rentrer dedans durant les deux premiers tomes. Comme dit quelques lignes plus haut, l’auteur a voulu rendre l’intrigue la plus réaliste possible. Ici, pas de clichés où l’on suit des lycéens dans leur club de foot qui vont affronter d’autres écoles, trope plus que récurrente dans les mangas de sport. Aoi est directement repéré par l’entraîneur des moins de 18 ans qui va lui proposer de monter à la capitale pour passer des essais afin d’intégrer la nouvelle promotion. On a du coup quelque chose d’assez frais par rapport à ce que l’on a habituellement, nous rappelant bien entendu Captain Tsubasa, sur cet aspect-là.
Malheureusement, le titre souffre un peu de cette qualité. En effet, le réalisme très poussé peut plaire à des mordus de foot qui apprécieront les explications techniques apporter durant les matchs ou bien même lorsque l’on parle de la formation à laquelle veut participer Aoi. Cependant, d’un autre côté, et ça a été mon cas, j’ai eu énormément de mal à rentrer dedans. Je me sentais envahie d’expliquer un poil trop technique pour un début de série et je me noyais complètement. Ce qui n’a pas du tout aider, c’est clairement la traduction et/ou le lettrage. La police d’écriture est plutôt petite et les dialogues sont assez lourds, ce qui donne une impression de textes très serrés dans les bulles. Pour avoir feuilleter les tomes avant de commencer à lire, j’ai été effrayé par des pages entières avec des bulles extrêmement chargées. Je ne saurais pas dire si c’est la traduction française qui se veut très proche du japonais qui est un peu lourde par moment (et je comprends que ça doit être très compliqué de traduire des termes footballistiques). Bien entendu, ce n’est pas le premier et dernier manga à avoir des pages très chargées en dialogue et je n’ai rien contre en général, si c’est bien fait mais je dois avouer que mon manque d’intérêt pour le foot m’a souvent bloqué, surtout quand on explique pendant deux pages entières le pourquoi d’une passe…
On pourrait croire qu’Ao Ashi est un échec cuisant pour moi mais il a plus d’un tour dans son sac ! A ce moment-là, je pensais aussi qu’il avait eu raison de moi mais c’est là que l’auteur m’a bien eue. Certes, l’aspect purement sportif n’est pas ce qui me passionne le plus, un comble pour un manga de sport, mais une chose qui m’a tapé dans l’œil et me donne envie de continuer, est que les personnages sont intéressants. Je pense notamment à la relation entre Aoi et sa mère qui est très touchante et quelque chose que j’ai rarement vu dans les manga de sport. Il y a une vrai part d’humanité dans chacun des personnages et on souhaite en apprendre plus sur chacun d’entre eux. Les deux premiers tomes sont assez riches car ils introduisent l’univers dans lequel va évoluer notre héros mais une fois qu’il arrive au dortoir, à Tokyo et qu’il rencontre les autres membres de sa division, le rythme change drastiquement. On a des moments plus calmes où ils s’entraînent, apprennent à se connaître, échangent entre eux et d’autres moments où l’on se retrouve sur le terrain pour de la pure action.
Une chose que l’on ne peut pas retirer à Ao Ashi, c’est son intensité et son rythme effrénée. Durant un match, on peut parfaitement juste regarder les cases, se passer des explications et apprécier le match qui se déroule sous nos yeux. Grâce à un découpage bien maitrisé, Kobayashi captive son lecteur et on ne peut détourner son regard du ballon.