- Auteur : YOKOYARI Mengo (art), AKASAKA Aka (story)
- Genre : Musique, tranche-de-vie
- Editeur : Kurokawa
Synopsis : “Le docteur Gorô est obstétricien dans un hôpital de campagne. Il est loin du monde de paillettes dans lequel évolue Ai Hoshino, une chanteuse au succès grandissant dont il est “un fan absolu”. Ces deux-là vont peut-être se rencontrer dans des circonstances peu favorables, mais cet évènement changera leur vie à jamais !”
Grosse sortie de ce début d’année pour les éditions Kurokawa, Oshi no ko est un manga publié depuis 2018 au Japon, toujours en cours et composé de six tomes actuellement. Encore un titre attendu car faisant partie du classement Kono manga ga sugoi 2022 dans la catégorie manga “pour garçons”. Autres arguments, le manga est scénarisé par le Akasaka Aka, auteur d’une autre série à succès : Kaguya-sama : love is war (disponible chez Pika, en anime chez Wakanim) , et dessiné par Yokoyari Mengo, mangaka du très bon Kuzu no Honkai (Scum’s wish) -qui sortira cette année aux éditions Noeve Grafx et dont l’adaptation animée est trouvable sur Prime video-. En bref, tout cela ne semble présager qu’une bonne lecture à venir ! Mais qu’en est-il réellement ?
Si vous voulez garder toutes les surprises que peuvent cacher ce titre, arrêtez votre lecture immédiatement, car pour pouvoir vous expliquer ce qui nous a plu et déplu dans cette lecture, quelques gros spoils du premier tome et ce dès le premier chapitre s’imposent… Car Oshi no Ko est surprenant, très… Son scénario est pour le moins “what the fuck”, ce qui en fait sa particularité mais apporte aussi un énorme problème dès le premier tome, qui se veut être une grosse introduction de l’histoire qui commencera réellement au tome deux, qui subira encore les impacts du choix narratif du manga.
Premier tome : une introduction bien trop longue :
Mais parlons dans un premier temps de ce tome introductif. Comme nous l’indique le résumé, nous suivons un médecin, fan d’une jeune idole de 16 ans : Ai Hoshino. Leur rencontre se fera dans des circonstances assez particulières : la jeune fille se rendra dans sa clinique perdue en pleine campagne car cette dernière est… enceinte ! Une chose qu’une idole doit bien évidemment cacher, d’autant plus qu’elle refuse de donner l’identité du père mais en plus de garder, non pas l’enfant, mais les enfants qu’elle attend, puisqu’elle est enceinte de jumeaux ! Déjà là, on nous montre bien le côté assez loufoque du titre. Mais attention, quelques pages plus loin, alors que la jeune fille accouche, notre cher docteur est poignardé par un fanatique de la demoiselle… et meurt de ses blessures. Pas le temps de respirer, le deuxième chapitre démarre tout aussi fort : Gorô s’est réincarné en l’un des jumeaux (Aqua) qu’Ai vient de mettre au monde ! Tout en gardant tous les souvenirs de sa précédente vie. Sa jumelle (Ruby) se trouve être elle aussi une fan de la jeune idole réincarnée dans ce corps de nourrisson (Sans vous donner les détails, le fait est qu’elle et Gorô se connaissaient déjà, mais ne le savent pas). Là commencent les problèmes : le temps passe, les enfants ont un an, Ai continue sa carrière en cachant ses enfants. Enfants qui parlent comme des adultes, jouent la comédie et cela ne semblent pas choquer les adultes outre mesure ?! À un an, les bébés ne savent même pas forcément marcher ! Bref, on a plutôt l’impression d’être face à des enfants de quatre ans… Mais les années continuent de passer, la carrière d’Ai s’envole et elle atteint les sommets, mais là encore : les enfants ont quatre ans mais en paraissent huit. Alors certes, ils passent pour des petits génies ayant hérités des talents de leur mère, oui, ce sont des adultes dans des corps d’enfants, mais c’est trop gros. Leur relation n’est pas plus développée que ça, pas plus que celle avec leur mère… On a du mal à s’attacher à ce petit monde… Cela surtout par l’omniprésence de leurs souvenirs antérieurs qui font qu’on a du mal à voir Aqua et Ruby autrement que par qui ils étaient avant…
Mais arrivé à la fin du tome, un énorme événement arrive : le fan fou du début retrouve la trace de sa chanteuse adorée et un horrible accident arrive à la jeune fille, cela sous les yeux de son fils. On se doutait que quelque chose allait se produire, vu que les chapitres commencent avec des interviews dans le futur de différents personnages, tout cela montrant peu à peu qu’Ai avait eu quelques problèmes… Et avouons que ce procédé était plutôt sympathique !
Voici donc la fin de cette interminable introduction qui donnait l’impression d’être face à une histoire pas très intéressante ni vraiment originale (les manwha regorgent de ce genre de réincarnation en bébé), tout ça sous un trait franchement pas très beau qui au final donnait au récit un côté très brouillon qui ne saurait pas où il va. Le premier tome n’est pas forcément mauvais, non, mais il est beaucoup trop long. Il cherche à mettre une ambiance pesante et montrer le côté malsain de la vie d’idole, mais cela de manière maladroite, avec des incohérences et un humour pas forcément utile, bref… Vous l’aurez compris, il a fallu s’accrocher pour terminer sa lecture. Sa fin donne cependant l’envie de lire la suite, car on ne comprend pas tout et surtout : que va-t-il se passer maintenant ?
Deuxième tome : L’histoire se met enfin en place ? :
Arrive le deuxième tome de la série. Dix années ont passé depuis l’accident d’Ai. Les jumeaux ont désormais 14 ans. Ruby rêve de suivre les pas de sa mère et de devenir une chanteuse connue à son tour. Aqua, lui, est toujours traumatisé par l’accident arrivé dix ans plus tôt. Il n’apprécie pas le choix de vie qu’aimerait mener sa sœur et fait tout pour l’empêcher de percer. Cependant, il est vite près à se tourner lui-même vers le feu des projecteurs pour pouvoir retrouver qui est véritablement derrière ce qui est arrivé à sa mère. On suivra donc les différents moyens qu’il mettra en place pour y arriver ainsi que son entrée dans son nouveau lycée artistique où lui et sa sœur vont commencer leurs études. Ainsi donc, la véritable histoire d’Oshi no ko serait celle d’un enfant/fan cherchant à venger sa mère/idole et de sa jumelle cherchant la gloire, tout cela sur fond de monde du spectacle. Cela pourrait être une histoire plutôt intéressante à suivre, mais le sujet de la vie antérieure gâche vraiment les relations des personnages : nos deux enfants qui ne semblaient pas si proches sont devenus de vrais jumeaux depuis, sauf que le lecteur ne voit pas réellement leur lien se créer. Ils sont frère et sœur, oui, mais ils ne parlaient que de leur ancienne vie auparavant, ou du moins, se comportaient comme des fans avec leur propre mère… Difficile de croire qu’un vrai lien fraternel se soit tissé entre eux, même si dix années ont passé…D’autant plus qu’ils étaient sans doute plus proches dans leur ancienne vie que ce que nous avons vu jusqu’ici dans la nouvelle… Finalement, la profondeur du titre sur la vie des idole et autres personnes du spectacle, bien que présente, passe plutôt en second plan dans ce tome pour entrer dans un thriller de pseudo vengeance pas incroyable…
Oshi no ko a du potentiel, on le sait, on le sent. L’histoire pourrait être captivante, mais se retrouve assez ennuyante de par tous les éléments qui s’y mélangent, vont dans tous les sens, pour au final ne pas mener à grand chose d’innovant. Sans ces histoires de vies antérieures, le titre serait sûrement bien plus agréable et digeste à lire car il serait moins difficile de s’attacher aux personnages car c’est sans doute ça le plus gros point noir du manga : on ne s’attache à personne. Le dessin, sans être très beau, finit par être sympathique, et les illustrations des couvertures restent, elles, vraiment jolies et hautes en couleurs. Malgré tous ses défauts, nous sommes curieux de voir quelle tournure va prendre le manga, mais force est de constater que nous sommes plutôt déçus du résultat final du titre, car trop de bizarrerie tue la bizarrerie…