- Auteurs : YOSHIMURA Tsumuji
- Genre : Romance, tranche-de-vie
- Editeur : Akata
Synopsis : “Bienvenue dans un univers où les enfants naissent sans attributs sexuels. C’est autour de l’âge de douze ans, vers la puberté, qu’en fonction de son ressenti, chaque personne décide : devenir femme ou homme. Mais Hinase a presque dix-huit ans et ne veut pas choisir. Hélas, dans ce monde trop binaire, tandis que la fin du lycée approche, son entourage lui met la pression… à commencer par Shiori et Ritsu, ses deux camarades d’enfance qui ont réalisé leurs sentiments pour Hinase. C’est le début d’un triangle amoureux complexe…”
Imaginez un monde où vous devez choisir d’être un homme ou une femme au début de votre puberté. Mais vous, vous n’avez jamais changé, vous êtes asexué et cela vous convient. Après tout, pourquoi faudrait-il choisir ?
La série a débuté en 2018 sur le Gangan Online de Square Enix, et se verra complète au bout de son dixième volume. Premier manga de YOSHIMURA Tsumuji édité en France, ce n’en est pour autant pas son premier ouvrage, la mangaka ayant signé auparavant le manga Classi9 où elle mettait en place l’histoire d’une jeune fille qui devait se travestir afin d’entrer dans une école de musique de garçons où l’on retrouvait tous les grands noms de la musique classique… Autant dire que nous avons avec À l’image de Mona Lisa quelque chose de bien différent. Car avec ce premier tome, nous faisons face à un sujet beaucoup plus profond et philosophique. En lisant le résumé, nous pensons tout de suite à l’excellent L’infirmerie après les cours qui, d’une façon un peu différente, abordait déjà la question du genre avec un personnage hermaphrodite, perdu avec lui-même et ses sentiments. Hinase, notre personnage principal est lui un personnage asexué. La traductrice (Victoria Seigneur) emploie alors le pronom iel quand les autres personnages parlent de Hinase, et c’est le meilleur choix possible pour définir notre protagoniste. Iel n’est ni homme ni femme, iel vit normalement, va à l’école avec ses meilleurs amis et suit une vie plutôt classique, comme n’importe quel adolescent de son âge. Cependant, iel est sans cesse confronté.e aux conformités du monde dans lequel iel vit : tout ramène toujours à un genre bien défini. Tout se complique encore plus lorsque ses deux amis, Ritsu et Shiori, lui feront chacun une déclaration d’amour ! Ici est dépeint d’une certaine façon le côté égoïste des êtres humains; chacun voulant faire de Hinase une personne du sexe de leur choix, sans penser à ce qu’iel ressent. Ritsu, sa meilleure amie, voit très clairement son ami.e comme un garçon et Shiori comme une fille. Cela est encore plus flagrant grâce aux dessins qui nous montrent Hinase avec des traits plus masculins ou féminins selon le point de vue abordé. Car en effet, rien ne dit que Hinase ne puisse pas encore voir son corps changer et devenir à son tour un homme ou une femme… Un triangle amoureux compliqué, qui perturbe pas mal notre personnage principal, est donc au centre de l’histoire: c’est ce qui bouleversera son quotidien, laissant notre protagoniste en proies à des questions qui lui paraissaient lointaines, car son absence de genre lui semblait être acquis et accepté, malgré ses différences avec les autres, mais cela est désormais quelque chose de totalement flou.
J’ai l’impression que tout ce qui m’apparaissait clair jusqu’à maintenant est désormais enveloppé d’un épais brouillard.
Pour donner une explication du cas exceptionnel qu’est Hinase, YOSHIMURA a inventé Le variant du Syndrome de Mona Lisa, cela venant sûrement du fait que la véritable Mona Lisa, dont le portrait -certainement le plus célèbre au monde, porte encore à ce jour à débat : est-ce une femme, un homme, ou les deux à la fois ? Cette question est par ailleurs abordée au début du manga, où la professeure termine son explication sur les choix possibles de Da Vinci pour « la beauté des deux sexes combinés » . Ce qui fera alors se questionner Hinase :
Si les êtres dotés des deux sexes sont « accomplis » alors qu’en est-il de ceux qui n’ont ni l’un ni l’autre ?
Une particularité du manga est qu’en plus du noir et blanc habituels aux manga, nous notons la présence d’une autre et unique couleur : un vert émeraude présent dans un premier temps comme étant la couleur des yeux de Hinase, mais également sur différents éléments ramenant à ce.tte dernier.e : son ombre, un portrait, ou encore les yeux des ses amis qui se voient être verts quand Hinase fait quelque chose qui les bouleversent… Nous la retrouvons également sur tout ce qui touche à un genre ou au changement : les papillons, une cravate ou nœud d’uniforme… Mais aussi d’autres éléments clés de l’histoire.
Le tome se termine sur une révélation qui laisse entrevoir que l’histoire que nous suivrons sera loin d’être rose pour Hinase. Le ton est assez lourd, mais permet de soulever des questions et des sujets importants. La question du genre, bien évidemment, mais aussi l’acceptation de soi, la tolérance envers les autres… Nous espérons que la série saura se montrer convaincante tout du long et gardera la même qualité que son premier tome. En attendant de découvrir la suite qui devrait sortir en décembre, nous vous recommandons ce titre qui change de l’ordinaire, comme les éditions Akata savent les trouver.