- Auteurs : HATA Kazuki
- Genre : Historique, social, littérature
- Editeur : Glénat
Synopsis : “Début du XIXe siècle, à l’Est de Gloucestershire, Lea a grandi au milieu de livres “inaccessibles pour son cerveau féminin“ et se passionne pour l’écriture, un art réservé à la gent masculine. C’est donc sous l’identité fictive d’Alan Wedgewood, qu’elle va débarquer à Londres pour faire publier ses ouvrages, découvrir le monde littéraire et se faire de nouveaux amis. Que va-t-elle pouvoir découvrir sous sa nouvelle apparence ?”
L’Angleterre du XIXe. Les femmes du pays, comme dans beaucoup d’autres, n’ont pas accès à des métiers de nombreux domaines car ces derniers leur sont fermés. Parmi eux : le métier d’écrivain. Pourquoi leur genre empêcherait les femmes d’écrire des histoires ? Lea, est bien déterminée à ne pas marcher dans les clous que la société souhaite lui imposer.
Publié entre 2019 et 2021 au Japon, L’oiseau d’or de Kainis est le premier manga de HATA Kazuki à paraître chez nous. La série compte un total de quatre tomes, dont le dernier sortira en mars, cela chez les éditions Glénat. Nous vous le disons tout de suite : cette série est une véritable réussite ! Trop boudée et malheureusement pas assez mise en avant, elle a pourtant tant de qualités, que ce soit dans ses messages, son écriture et même son style graphique. Il est temps pour nous de vous donner envie de vous plonger dans cette lecture indispensable !
Nous suivons donc le personnage de Lea, passionnée d’écriture depuis son enfance. Elle rêve d’être publiée, mais tout le monde lui rappelle qu’elle est une femme, quelle idée de vouloir écrire, ce n’est pas son rôle. Mais voulant vivre de sa plume, elle envoie son manuscrit sous un nom masculin et là, cela ne loupe pas : son roman plaît et un éditeur souhaite la rencontrer. Elle décide donc de se travestir en homme et d’ainsi donner vie à son nom d’emprunt : Alan Wedgewood. Elle part alors pour Londres où elle fera la rencontre d’autres écrivains, dont Myles, cela en étant à leurs yeux un homme. Sous ce scénario qui peut sembler simplet à première vue se trouve en fait un titre avec une vraie force. Lea se rendra vite compte que la vie dans la peau d’un homme est beaucoup plus « simple » car aucune porte n’est fermée, pas de remise en question sur les choix que ces derniers prendront la plupart du temps, en bref, une bouffée d’air frais pour elle à qui l’on disait qu’il lui serait impossible de lire des livres trop « compliqués pour une femme ». Bien sûr, tout un message fort sur la place des femmes dans la société anglaise de l’époque, qui porte à réfléchir sur notre société actuelle et son évolution…
Mon livre sera publié et quand la société l’aura approuvé, je dévoilerai ma véritable identité.
Avec cela vient la question du genre dans son côté le plus vaste est aussi très largement explorée : en quoi être un homme ou une femme devrait avoir un impact dans nos vies et/ou dans nos relations ? L’être humain se donne un rôle à jouer selon son sexe, au détriment de ce que l’on pourrait réellement vouloir. Tout comme au court de notre lecture, nous nous posons la question de si la relation de Lea avec Myles changera si ce dernier apprend son secret ?
De plus, la question de la littérature, de l’écriture, est très joliment abordée. Le manga montre bien que chaque auteur a sa façon d’écrire, sa façon de vivre les histoires de ses personnages. Lea écrit sans avoir la fin de son récit en tête, contrairement à Myles qui structure d’avantage le sien. Pour les personnes ayant déjà écrit des récits, que cela soit dans un ordre professionnel ou tout simplement de passe-temps avec les fanfiction par exemple, vous vous retrouverez sûrement dans ce qui est dépeint dans le manga.
Enfin, le titre rappelle inévitablement Arte (chez Komikku) où son héroïne, durant la Renaissance, en Italie, est prête à tout pour pouvoir devenir peintre, un milieu fermé aux femmes à l’époque. Abordé de façon différente dans un milieu différent, Lea n’a rien à envier à Arte, les deux sont des jeunes femmes fortes qui veulent bousculer les codes, et c’est un plaisir de suivre leurs aventures. Graphiquement, le style de HATA rappelle un peu celui de MORI Kaoru (dont le titre Emma a également des ressemblances avec L’oiseau d’or de Kainis dans son ambiance) avec un trait moins détaillé mais sans pour autant être dénué de charme.
L’oiseau d’or de Kainis est un titre indispensable qui mérite d’être bien plus connu. Son dernier tome, comme nous le disions plus tôt, est prévu pour mars chez nous. Notons qu’au Japon, HATA publie une suite en cinq chapitres de manière auto-éditée (disponibles sur kindle) nommée Kainis no Tori Sore kara (L’oiseau d’or de Kainis, suite). Nous ne savons pas si les éditions Glénat éditeront cette courte suite, mais nous espérons… Toujours est-il que nous ne pouvons que vous conseillez de vous procurez cet excellent manga, (qui en plus, rappelons-le, est très court) qui est très intelligemment écrit et nous propose de réfléchir bien au-delà de son postulat de départ. Un titre important.